Rémission
de Yves Swolfs (Scénario), Brice Cossu (Dessin)

critiqué par Le rat des champs, le 29 janvier 2008
( - 74 ans)


La note:  étoiles
Lutte contre la bête
Angie arrive dans le chalet de son enfance, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle est à la dérive: cocaïnomane, et perdue, si perdue... Que veut-elle, que cherche-t-elle? Au cours d'une sortie en forêt, elle oscille entre le rêve et la réalité, entre les souvenirs et le présent, et tout est si douloureux! Son enfance? Un gâchis. Ses relations avec les garçons? Une catastrophe. Sa mère? Une écorchée qui lui a transmis ses blessures et ses frustrations. Son père pourrait-il l'aider à affronter la bête qui la ronge? Peut-être, elle l'espère secrètement, mais où est-il? Et que représente la bête qui la dévore? Angie l'ignore, son père est mort dans un accident de circulation en allant la rejoindre, mais dans le domaine où elle s'aventure, la mort est-elle une fin? Pas sûr...

Autant le dire, cet univers à la fois onirique et cauchemardesque intrigue, et on peut avoir l'impression au début de la lecture que le talentueux Yves Swolfs qui a signé ce scénario a fumé de la moquette, même si on reste accroché au superbe dessin de Brice Cossu. Et puis tout s'éclaire, et cette histoire qui semblait si confuse prend un sens merveilleux de beauté et d'humanité. La seule manière de vaincre la bête n'est-elle pas de croire de toutes ses forces en l'amour qu'elle a si peu rencontré dans sa triste vie?

Je n'ai pas envie de vous dévoiler le dénouement de cette magnifique histoire, c'est une bédé de grande qualité qu'il faut découvrir par soi-même. Le scénario est ambitieux, aux antipodes de la production habituelle d'Yves Swolfs, mais les questions qu'il pose et les réponses qu'il apporte sont d'une grande pertinence.
Un trip cauchemardesque 6 étoiles

Rémission est un One shot et oserais-je dire…heureusement ? Le créateur du Prince de la nuit nous a habitués à mieux. Aucune originalité dans cette histoire de pauvre petite fille riche traumatisée par une enfance malheureuse, écartelée entre une mère alcoolique et amère et un père aimant mais absent. Sa mère décédée de mort accidentelle (ou suicide ?), Angie se réfugie dans une vie de débauche faite de sexe et de drogues dures. Jusqu’au jour où elle renoue avec son passé dans le chalet de son enfance où l’attend son père. Là, l’excès de drogue l’emmène dans un trip cauchemardesque, au cours duquel accourt un chevalier servant aux traits de son père. Angie sortira-t-elle de la voie stupreuse dans laquelle elle s’est engagée si dangereusement… ?

Ce One Shot ne présente aucune véritable originalité si ce n’est qu’il fraye avec un zeste de fantastique. Mais est-ce là vraiment original dans la mesure où le fantastique et la science-fiction dans la bande dessinée adulte sont très à la mode en ce moment. Le graphisme est sobre et élégant bien que les couleurs soient légèrement agressives, sans doute appliquées numériquement. Swolfs met en image la dépravation d’une jet-set traumatisée par la carence d’affection dans le cadre familial. Rien que de très commun…Dans son délire, Angie traduit également un petit quelque chose d'oedipien lorsque l’on constate que le chevalier de ses "rêves" ressemble étrangement à son père. Leur réconciliation même imaginaire lui feront prendre les bonnes décisions. Une histoire de rédemption très cliché …mais graphisme agréable.

Miss teigne - - 43 ans - 28 mai 2008