Le Neveu de Rameau
de Denis Diderot

critiqué par Tistou, le 24 janvier 2008
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Plongée au XVIII ème.
Un peu lourd à digérer ce « neveu de Rameau ». On connait Rameau, le musicien en cour, il a un neveu, au moins dans l’essai de Diderot !
Et ce neveu rencontre un philosophe (Diderot himself ?) au détour d’une rue. S’engage un dialogue, qui tient beaucoup du monologue de la part du neveu, entre un cynique jouisseur, le neveu, et un philosophe … philosophe.
C’est l’occasion, outre de sonder l’âme humaine et d’avoir un aperçu sur certaines de ses zones sombres, d’avoir accès à des informations sur la vie à Paris, les conceptions de la société, au XVIIIème siècle. Mais donc, c’est lourd.
Peut-être parce que ça me semble moins intemporel qu’un « Zadig » ou un « Candide » ? Il y a beaucoup de spécificités de la vie à Paris, à la Cour du Roi de France, qu’on peut difficilement rapprocher de notre quotidien. Ca en fait le charme mais définit sa limite aussi. On trouve tout de même moins souvent de nos jours de ce qu’on aurait pu appeler à l’époque des pique-assiettes, vivant au crochet des bourgeois et nobles aisés qui tenaient table ouverte à toute une litanie d’individus du type neveu de Rameau chargés de flatter, d’amuser, de donner de l’importance aux hôtes.
C’est plus à mon sens le type d’individu mis en scène que les réflexions ou le style de Diderot lui-même qui limite l’intérêt de l’essai à mes yeux.
Le Médiocre et le Philosophe 8 étoiles

Le neveu du compositeur Jean-Philippe Rameau a réellement existé et Diderot l'a effectivement rencontré.
Il est médiocre, envieux et ne s'en cache pas.
A longueur de dialogue avec le philosophe - Diderot, donc - il justifie, voire revendique sa médiocrité par la faiblesse et l'hypocrisie d'une certaine société qui entretient cette médiocrité : il est en effet régulièrement engagé dans des soupers donnés dans la haute société pour amuser et flatter les hôtes et les invités de marque. Au passage, il ne se prive jamais de s'empiffrer et c'est de ça qu'il vit....
Un être cynique donc, du moins en apparence, mais qui marquera des points auprès du philosophe qui, en dépit de sa désapprobation du personnage, ne peut qu'admettre la finesse de certains de ses jugements.
Une belle analyse de la société mondaine d'alors...

Millepages - Bruxelles - 64 ans - 10 octobre 2010