Beau monstre
de Peter Robinson

critiqué par Féline, le 18 janvier 2008
(Binche - 45 ans)


La note:  étoiles
Victime ou bourreau?
Une voisine qui appelle la police pour un cas de violence conjugale dans la maison d’en face, voilà qui est banal. Et pourtant, ce qui ne devait être qu’un contrôle de routine tourne rapidement au cauchemar : une épouse inconsciente gît dans le hall d’entrée, le cadavre d’une jeune fille attachée est retrouvé dans la cave et un des agents est rapidement tué par l’homme de la maison, avant que ce dernier ne soit immobilisé par la coéquipière.

C’est le début de l’escalade dans l’horreur. Les corps de cinq adolescentes sont retrouvés enterrés dans la cave et le jardin de la demeure du meurtrier, qui pourtant inspirait la confiance. Jeune enseignant, il s’était marié moins d’un an auparavant et semblait apprécié de ses voisins, collègues et élèves.
De plus, la jeune policière qui l’a immobilisé est rapidement suspectée par sa hiérarchie d’avoir fait preuve d’excès de zèle et de force pour mettre le bourreau hors d’état de nuire et est l’objet d’une enquête qui risque de briser sa carrière et de la renvoyer devant un tribunal.

Le commissaire Banks, le héros récurrent de Peter Robinson, a fort à faire, dans cette enquête, d’autant plus qu’il doit faire face à de nouvelles responsabilités. Son supérieur hiérarchique étant absent pour maladie, il doit le remplacer et coordonner les différentes équipes de police du Yorkshire, rôle dans lequel il ne sent pas très à l’aise.

D’autant plus qu’il doit également affronter différents éléments perturbateurs dans sa vie privée. Sa fille, Tracy, lui apprend que son ex-femme est enceinte de son nouveau compagnon. Son amie, Annie Cabott, a été chargée de l’enquête sur la jeune policière qui est accusée d’avoir abusé de la force à l’égard de Payne, le tueur des jeunes filles et elle tient Banks pour responsable. Et enfin, Jenny Fuller, la belle psychologue consultante pour la police, est de retour et elle n’est toujours pas indifférente à ses charmes.

Ce roman a rappelé à de nombreux lecteurs l’horrible affaire Dutroux qui a secoué la Belgique en 1996. Il est vrai que certains éléments ne sont pas sans évoquer cette terrible tragédie.
Mais le récit de Peter Robinson met l’accent sur plusieurs aspects de cette enquête hors du commun : le rôle de l’épouse des assassins pervers. Sont-elles réellement innocentes? Peuvent-elles ignorer ce que font subir leur mari à de jeunes victimes sous leur propre toit? Sont-elles victimes ou bien sont-elles aussi bourreau?
Le romancier aborde également un autre sujet sensible : la jeune policière qui a terrassé le coupable en voulant venir au secours de son coéquipier, mortellement blessé, est elle aussi mise sur la sellette. En plus du traumatisme subi par la perte de son collègue qu’elle n’a pu sauver, la propre agression à son égard et la macabre découverte, elle est traitée comme une criminelle par sa propre hiérarchie. Même si il est vrai que les policiers ne sont pas au-dessus des lois et doivent rendre compte de leurs actes, peut-on juger de la réaction d’un agent en service en pareille situation?

J’aime beaucoup les romans de Peter Robinson qui mettent en scène le commissaire Banks. Ils abordent de nombreux faits d’actualité qu’ils développent de manière réaliste. Le commissaire Banks est un homme comme un autre avec ses faiblesses, ses colères mais aussi sa jugeote et une grande perspicacité. Les enquêtes peuvent parfois sembler longues à ceux friands d’action et de suspense haletant, mais personnellement le format me convient parfaitement.
Ne pas se fier aux apparences 8 étoiles

Un autre épisode réussi de la série Banks. Bien que classique dans sa forme comme roman policier, l’alternance des points de vue et la diversification des sous-histoires donne une belle densité à une intrigue simple et facilement élucidable.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 54 ans - 12 janvier 2009