L'Étoffe des héros
de Tom Wolfe

critiqué par CC.RIDER, le 17 janvier 2008
( - 66 ans)


La note:  étoiles
En avoir ou pas
Ce pavé de 524 pages retrace l’aventure dite de “Mercury”, premier d’une longue série de programmes destinés à assurer la suprématie des USA dans l’espace. A cette époque, l’URSS avait commencé la course en tête avec les lancements des divers Vostocks (Youri Gagarine, Valentina Terechkowa etc…). Les russes disposaient de fusées plus puissantes, maintenaient leurs cosmonautes plus longtemps dans l’espace et réussissaient des retours impeccables sur terre. John F. Kennedy voulut relever le défi et tenter de reprendre l’avantage. Sept pilotes d’essais choisis parmi les plus prestigieux, les plus courageux et les plus talentueux sont sélectionnés pour être placés dans une capsule installée en haut d’une fusée et lancés dans l’espace. Ils se nommaient Shirra, Cooper, Grissom, Shepard, Slayton, Carpenter et Glenn lequel deviendra très vite le plus célèbre car il sera le premier américain à réussir un véritable vol orbital.
L’intérêt de ce livre est celui d’une enquête journalistique et sur ce plan Tom Wolfe, à son habitude, se montre magistral. Toute cette histoire, cette épopée est racontée par le menu avec un grand luxe de détails et d’anecdotes véridiques. On déplore cependant, une certaine lourdeur, une absence d’humour et surtout un très long appesantissement sur le problématique du « héros ». Qui en a l’étoffe ? Qui ne l’a pas ? Ces hommes se sont montrés courageux et parfois même héroïques (certains passages font froid dans le dos), mais était-il nécessaire d’en tartiner des pages et des pages pour finalement conclure qu’ils n’étaient que des hommes ? Un Tom Wolfe un peu moins génial que les autres, mais intéressant tout de même…
pas des zéros 8 étoiles

DES HOMMES...DES PILOTES VALEUREUX...DES CHEVALIERS...DES RISQUE-TOUTS...DES TETES BRULEES...

C'est tout ce qu'inspire la lecture de "The Right Stuff", et, même si le propre de la propagande américaine est de se déguiser pour se rendre parfaitement invisible à l'oeil du commun, il faut bien reconnaître que le style flamboyant de Wolfe nous entraîne vers un chef d'oeuvre pas si proche du film du même nom (plutôt moins aseptisé) et néanmoins séduisant car beaucoup sont morts d'avoir pris trop de risques. Il n'y a pas que l'alcool, la flambe, l'americana, le bar de l'aviation, et la bagnole; ces types sont aussi des personnes aux nerfs d'acier, méticuleuses et sensés, à qui l'on faisait passer des tests interminables avant de simplement les coller un beau jour derrière l'habitacle d'une fusée (le X15) essentiellement bourrée d'explosifs. D'autant plus qu'ils étaient assez peu assurés pour leur part et qu'ils n'avaient droit qu'à très peu d'explications: il fallait bien qu'ils décompensent. Enfin, par-delà le projet Mercury, but ultime des savants; cette histoire véridique omet toute ambiance petite-bourgeoise, conventionnelle, ou bien satisfaite, et nous porte au contraire à la rêverie sinon à l'inspiration.

[Un extrait] (P 219)

Certains psychologues déconseillaient même l'absence de pilotes - ceci plus d'un an après la sélection des sept fameux astronautes. [...] Ce qu'il fallait, c'était un homme capable de ne rien faire pendant un situation de stress.

Monde Vrai - Long Beach - - ans - 12 décembre 2011


L'étoffe des rêves 10 étoiles

Une des merveilles du "nouveau journaliste", au style impeccable. La chronique est magistrale, passionnante de bout en bout, L'axe technologique est omniprésent mais le thème central est bien l'homme (ou le héros ?), comme l'indique bien le titre. Ou plutôt les hommes... car Tom Wolfe met avant tout en avant la personnalité de chaque pilote (ou astronaute) et parvient à les rendre identifiables et inoubliables au regard de l'histoire. Car, après cette histoire, comment oublier Glenn, Sheppard ou Yagger ?

Il faut absolument passer par cet ouvrage pour appréhender la dimension "documentaire" de ce formidable auteur, un des plus grands écrivains américains de la seconde partie du XX° siècle.

Le plus remarquable est peut-être de savoir que l'adaptation cinématographique est, en tout point, fidèle et à la hauteur du livre

Chrisland - - 64 ans - 20 octobre 2011


Très bon, mais je préfère le film 8 étoiles

Une excellente chronique sur l'aéronautique et la conquête spatiale, le style de Wolfe éclate quasiment à chaque page...pas trop long, en plus (un peu plus de 500 pages en poche). Mais j'ai largement préféré le film !

Bookivore - MENUCOURT - 42 ans - 16 octobre 2010


Un ticket VIP à l'histoire 9 étoiles

Mon opinion va peut-être sembler simplette, mais voici ma critique:

Pour les personnes n'étant pas nées à cette époque, dont moi-même, ce livre malgré ses longueurs, nous apprend un tas de choses sur la scène et l'arrière scène du début de l'ère spatiale, surtout et uniquement du côté américain. Un récit honnête sur des hommes un peu beaucoup fous, adulés comme des sur-hommes, sur le patriotisme devenu fanatisme, le ridicule et l'héroïsme, la bravoure et la témérité.

Un livre qui, par certains passages, m'a fait beaucoup rire: nos fusées explosent toujours, et le rituel vol-alcool alcool-bagnole, les (on ne les voit jamais) qui nous dévorent les pieds.
Autre chose qui m'a fait rire, c'est le gouvernement qui décide d'investir dans les Mercury-Redstone et Mercury-Atlas, (nos fusées explosent toujours) plutôt que d'investir sur les avions X-15 qui peuvent en faire autant sinon mieux.

Bref, un roman historique bien détaillé qui nous décrit la vie des (pilotes) de cette époque comme si on y était.

Psss, à lire avant de voir le film, si vous ne voulez pas être induits en erreur par le film...

Hellkey:451 - Gatineau - 44 ans - 29 avril 2009


Les chevaliers du ciel 5 étoiles

Comme il est long le chemin qui a permis aux terriens d’échapper à leur univers rampant en partant à la conquête de l’espace, presque aussi long que cette chronique, ce récit, cette apologie, cette ode à la grandeur de l’Amérique et de ses héros… je ne sais comment qualifier ce grand verbiage de Wolfe, Tom pas Thomas, qui vante l’histoire et les mérites des sept mercenaires qui ont constitué le noyau initial de la fratrie des astronautes au sein du projet Mercury.

Je voulais découvrir Tom Wolfe dont j’ai lu le plus grand bien, j’aurais peut-être du m’en tenir à Thomas Wolfe ou alors j’ai pu commettre une erreur de casting en choisissant ce livre qui raconte, certes de façon très précise et très détaillée, la conquête de l’espace à travers le projet Mercury mais qui nous noie dans un flot apologique et pathétique qui finit par sérieusement ennuyer. Evidemment, Tom a été journaliste et même apparemment un très bon journaliste, c’est donc bien une longue enquête journalistique qu’il nous livre avec tous les poncifs du genre. Il faut bien émouvoir Margot (ou plutôt Margie) et flatter l’oncle Sam pour qu’ils soient tous deux convaincus que l’Amérique est grande et forte et qu’ils ont été les témoins d’une époque héroïque avec ses « Chevaliers de la table ronde » déguisés en chevaliers du ciel héroïques certes mais plus frappés que courtois, arborant la devise « Dieu-Famille-Patrie » qui conforte les Américains dans leurs certitudes et les rassure face à leur avenir.

A travers cette parabole de l’Amérique conquérante des années cinquante et soixante, Wolfe esquisse seulement, et c’est bien dommage, la création du mythe des « winners » ceux qui gagnent et qui sont « en haut de la pyramide » inaccessibles aux lois, adulés comme des dieux et qui envahissent toutes les fonctions stratégiques de la société américaine en lui donnant cette certitude arrogante qui tuera l’Amérique qui nous a fait rêver pour accoucher d’une Amérique insolente et dédaigneuse qui méprise les faibles et s’expose à des déboires cruels et sanglants …

Débézed - Besançon - 77 ans - 4 septembre 2008