Etre rock : 113 mantras pour le rocker moderne
de Philippe Manoeuvre

critiqué par Babsid, le 16 janvier 2008
(La Varenne St Hilaire - 37 ans)


La note:  étoiles
Et ces stars s'exprimèrent...
Ce livre est un petit recueil de citations des stars du rock, recueillies par le fameux Philippe Manoeuvre, rédacteur en chef de "Rock & Folk", tout au long de sa carrière.
Des mantras ? Peut-être pas mais un fidèle reflet de la mentalité de ces gens à une époque donnée.

Ainsi donc, ces citations ou mantras, ne sont pas indispensables mais ils sont charmants.
Notons en quelques uns.

Tout d'abord, comme entrée en matière: "Let's Rock !" d'Elvis en 1954.
Puis: "Il faudrait arrêter de confondre ce qui vend de ce qui est bien" de Bob Dylan en 2006.
Passons également par le très connu: "We can be heroes, just for one day" de David Bowie.
Et par d'autres plus douloureuses : " Excusez-moi, j'embrasse le ciel" de Jimi Hendrix en 1967.

Vraiment pas indispensable me direz-vous mais il faut tout remettre dans son contexte.
Pour ma part, je dois être atteinte du même "mal" que Numanuma, lorsque je vois "rock" quelque part, j'achète!

Soulignons, pour finir, que Philippe Manoeuvre ne remercie "personne" sauf peut-être Johnny Rotten.
Ceux qui aiment ont raison 8 étoiles

En fait, toutes les citations n’ont pas été recueillies par Manœuvre durant sa carrière (il ne devait pas être bien vieux en 1954 et Rock & Folk n’existait pas) mais pendant l’âge d’or. Bon, c’est large comme époque puisque certaines citations datent de 2006.
Le problème est que la citation du King, « Let’s Rock » est finalement la plus forte, elle bouffe toutes les autres par sa simplicité, son immédiateté, son innocence. Après Elvis, le rock est entré dans un autre univers, bien marketé, bien corseté par des impératifs commerciaux mis en valeur par ceux-là même qui le pourfendaient. La rébellion propre au rock s’est vite muée, à son corps défendant, en le plus génial produit qui soit : l’éternelle jeunesse. Le rock, c’est la promesse de toujours incarner le refus de rentrer dans le rang. Tout en y entrant, c’est bien le problème.
Oui Dylan a raison, « il faudrait arrêter de confondre ce qui est bien et ce qui se vend » mais en ce temps staracadémiques, le pauvre Bob pisse dans un violon depuis longtemps oublié sur le bord d’une route ou mis en gage au pawnshop du coin. Downtown…
Alors, si le propos est frelaté, que reste-t-il à ce bouquin ? Le dessin camarade, le dessin. Parce que Thierry Guitar, qui illustre ces citations magiques, et les Courrier des Lecteurs de Rock & Folk, lui, remet tout à plat avec des dessins noirs et blancs parfois colorés d’un peu de rouge. On y croit de nouveau ! Rien qu’à voir la tronche de Lemmy, hurleur de Motorhead, vers le milieu du bouquin, vous donne envie de lâcher femmes et enfants pour monter un groupe bancal, un groupe qui ne vivra probablement que dans la cave de mémé mais qui vivra. QUI VIVRA ! Hors du temps, hors des lois du marché et de la frime, de la came et des groupies déglinguées ! Juste toi, tes potes et ta gratte.
Oui, c’est sûr, tu vas crever sans avoir connu la gloire, la petite tête de mort de la couverture est là pour le rappeler, mais tu vivras sans compromis avec le business. Bon, c’est un peu bidon comme conclusion mais y’a ma basse qui me fait de l’œil !

Numanuma - Tours - 51 ans - 25 mars 2008