Le don d'Odile
de Patrick Traube

critiqué par Jean Meurtrier, le 15 janvier 2008
(Tilff - 49 ans)


La note:  étoiles
Gipsy Kills
Ancienne acrobate et ex-taularde, Odile est une jeune romanichelle qui coule des jours paisibles dans la Dombes à bord d’une roulotte avec son compagnon Bruno. Un beau jour, elle reçoit la visite de Gabrielle, une dame distinguée qui lui propose un petit boulot pas très difficile, mais pas très honnête non plus. Il s’agit de cambrioler sa propre maison pour retoucher la somme des bijoux volés auprès des assurances. Gabrielle expose à Odile les instructions à suivre pour assurer le succès de sa mission nocturne.
Antoine Simonin, le mari de Gabrielle prépare les élections municipales pour lesquelles il se porte candidat. Il ne remarque rien du manège de sa femme qui a saboté les caméras de surveillance et envoyé les deux chiens chez le vétérinaire pour plusieurs jours. Car Antoine est trop occupé à parer les sarcasmes de Gabrielle qui lui rappelle sans cesse ses origines paysannes et sa dépendance vis-à-vis d’elle et de sa fortune familiale.
L’obscurité venue, rien ne se déroule comme prévu. La nuit sera terriblement meurtrière, et ce en dépit de la milice mise sur pied par les habitants du village en réponse à l’incendie criminel de la grange de Gilbert Beaupierre que la vindicte populaire impute aux gitans.
Il n’est pas difficile d’être embarqué dans cette intrigue, qui ne nous soumet cependant rien de véritablement original ni de surprenant. Cette pièce, que l’on pourrait classer parmi les policiers malgré l’absence d’enquête proprement dite, manque parfois de finesse au niveau de la construction et camoufle laborieusement les détails révélateurs.
Comme souvent, les dialogues argotiques sonnent faux. Difficile pour un auteur passionné d’opéra et de musique baroque d’éviter aux échanges entre Odile et Bruno un arrière-goût artificiel. Les piques de Gabrielle à l’intention de son mari sont nettement plus savoureuses. Les corrosives répliques conjugales rendent le couple bien plus palpable que les autres personnages. La pièce ne démarre d’ailleurs réellement que chez les Simonin et conserve un rythme soutenu jusqu’à son terme.
A défaut de reposer sur une grande idée directrice ou novatrice, «Le don d’Odile» propose un divertissement plus que valable, avec des passages très enthousiasmants. Il y a cependant fort à parier que cette pièce ne laissera qu’un souvenir éphémère dans le chef des spectateurs.