Ainsi va le jeune loup au sang
de Christophe Donner

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 8 janvier 2008
(Montréal - 55 ans)


La note:  étoiles
Le petit terroriste
Bien que né dans les cendres d’un ouvrage pour enfants, ce bouquin est loin d’être léger. Années 60, restructuration de Montparnasse, c’est l’explosion de l’urbanisation rectangulaire grise. Samuel, jeune adolescent, grandit dans l’ombre de la grande tour que l’on érige. Elle est le sujet de sa révolte - car on menace d’exproprier la maison de sa mère - et aussi un symbole sublimé (phallique) de sa sexualité bourgeonnante.

Autour de Samuel, la résistance s’estompe face au ‘progrès’. Il est résolument seul (orphelin de père, sa mère devient cinglée) face à ce monde qui veut l’engouffrer. Ce dernier prend refuge chez un vieux couple mais ne peut y trouver l’apaisement. Il n’y a qu’une solution. Faire sauter la tour!

Avant tout le parcours initiatique d’un jeune homme en quête d’identité, ce récit – que l’on imagine autobiographique – est intéressant pour son message sous jacent. Le personnage central réussit à canaliser sa colère dans l’écriture.

Le style de Donner est incisif, tranchant comme une lame. Parce qu’il est question de grogne et de rébellion, il ne fait pas dans la dentelle. Tout est explicite et cru. Surtout le ton. Mais également, le choix des moments de vie qu’il nous offre, notamment un viol en prison et une scène d’orgie dans un sex-shop avec un Hervé (Guibert) à peine dissimulé.

Un roman sordide et dérangeant comme il en faut.

(Prix Jean Freustié)