Lucky Luke, tome 44 : La guérison des Dalton
de René Goscinny (Scénario), Morris (Dessin)

critiqué par Pétoman, le 4 octobre 2001
(Tournai - 49 ans)


La note:  étoiles
une approche de la psychanalyse
Nous connaissons tous le talent de Goscinny tant avec les Astérix qu'avec les Lucky Luke. Hélas cette BD a beaucoup perdu par la suite après des scénarios peu à la hauteur.
Mais la guérison est un bon scénario... ou pastichant Freud, les Dalton rencontrent un pré psychanalyste qui faute de soigner les quatre frères prendra leurs méthodes sous un oeil trés psy... une bonne critique de la psychanalyse. Bref un clin d'oeil amusant et une BD amusante... à lire, cette BD est plus prétentieuse qu'elle n'en a l'air. Quant à Lucky, comme d'habitude, il manque toujours de personnalité... ce que Morris regrettait d'ailleurs.
Un excellent album de la série des aventures de Lucky Luke !!! 9 étoiles

Le mythe de pouvoir guérir une fois pour toutes les grands criminels et ainsi offrir à la population la sécurité à laquelle elle a droit, n’est pas une nouveauté. Je ne vais pas citer toutes les fictions qui se sont appuyées sur cette utopie, mais on a tous encore en tête, du moins ceux de ma génération, les images cruelles et délirantes d’Orange mécanique… René Goscinny va revisiter cela et il est d’autant plus en droit de le faire qu’il gère, tant bien que mal, les plus redoutables criminels de l’Ouest, les Dalton !

Pour mettre en place un plan de guérison des criminels, il faut un médecin de grande qualité. Goscinny va inventer un précurseur de Freud, donc un scientifique qui ne maîtrise pas encore toutes les finesses de la psychanalyse qui n’existe pas encore. Otto von Himbergeist, docteur en psychologie, vient exposer ses thèses à l’Institut scientifique. C’est un Européen. Les auteurs ne précisent pas sa nationalité et certains ont vu en lui un Allemand, d’autre un Autrichien. En fait, c’est un Alsacien ! Oui, car page 19, il organise une petite collation avec des spécialités de chez lui, de la choucroute garnie, de la saucisse de viande et du vin blanc… Parti pris crierons certains, peut-être, mais de toute façon, si nous sommes après 1871 et avant 1918, avouons que l’Alsace est alors dans l’Empire Allemand… donc cela ne change pas grand-chose, si ce n’est que cela me fait plaisir…

On va donc confier à cet éminent professeur les plus grands criminels de l’Ouest. Au pénitencier, il aura le choix et c’est sur les frères Dalton que son regard va se poser. Il faut dire que Joe en pleine crise a de quoi aiguiser ses envies de soigner ce dangereux personnage. Est-ce possible ? Lucky Luke n’en n’est pas convaincu et il va décider de garder à l’œil les Dalton tout au long de leur thérapie…

Je ne vais pas vous raconter les détails des relations entre le médecin et ses patients. D’abord, parce que cela est couvert par le secret médical, mais aussi parce c’est au cœur du récit de Goscinny et Morris. Profitez-en donc lors de cette lecture et ne cherchez pas trop dans votre passé pourquoi vous vous êtes mis à lire des bandes dessinées et des Lucky Luke en particulier. Moi, je me souviens que lorsque j’avais douze ans, mon frère, qui en avait lui quatre de moins, avait voulu…

Alors, Otto von Himbergeist va-t-il obtenir quelques résultats ? D’une certaine façon, on peut l’affirmer ! Un grand nombre de personnages vont changer radicalement de voie. On va découvrir ce que le professeur Appelwater a subi dans son enfance, comprendre pourquoi le directeur du pénitencier a choisi ce métier un peu particulier, voir un alcoolique abandonner son vice et nombre de banquiers quitter une activité immorale…

Indiscutablement, les plus grands échecs sont sur Rantanplan qui restera définitivement le chien le plus stupide de l’Ouest et sur Lucky Luke qui n’arrive pas à nous raconter sa petite enfance. D’ailleurs, ce héros légendaire et solitaire, d’où vient-il, où va-t-il, que pense-t-il réellement ?

Reconnaissons que cet épisode est d’une très grande qualité, que les textes sont remarquables et que l’on rit beaucoup tout au long de la longue thérapie des Dalton. Pour un peu, on finirait par y croire, au moins pour ce pauvre Averell… Certaines séquences sont extraordinaires, tout simplement. Je pense par exemple à la tentation alimentaire d’Averell, à l’apprentissage de la broderie, à la grande fatigue du docteur, à la réaction de Jolly Jumper, à l’allusion à l’arrivée prochaine du grand docteur Freud…

Un excellent album qu’il faut prendre le temps de lire et accepter de rire chaque fois que l’envie vous viendra… Ne pas prévoir de prendre cet album pour vous occuper durant un cours, une conférence ou un discours d’inauguration officielle…

Shelton - Chalon-sur-Saône - 68 ans - 12 mai 2013