critiqué par Nance, le 30 décembre 2007
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La note: étoiles

Association pour tailler les hommes en pièces

« Vivre dans cette société, c’est au mieux y mourir d’ennui. Rien dans cette société ne concerne les femmes. Alors, à toutes celles qui ont un brin de civisme, le sens des responsabilités et celui de la rigolade, il ne reste qu’à renverser le gouvernement, en finir avec l’argent, instaurer l’automation à tous les niveaux et supprimer le sexe masculin.

Grâce au progrès technique, on peut aujourd’hui reproduire la race humaine sans l’aide des hommes (ou d’ailleurs sans l’aide des femmes) et produire uniquement des femmes ; conserver le mâle n’a même pas la douteuse utilité de permettre la reproduction de l’espèce. Le mâle est un accident biologique ; le gène Y (mâle) n’est qu’un gène X (femelle) incomplet, une série incomplète de chromosomes. En d’autres termes, l’homme est une femme manquée, une fausse couche ambulante, un avorton congénital. »

C’est comme ça que commence le manifeste. Une chance que nous, les femmes, « savent instinctivement que le seul mal est de nuire aux autres et que le sens de la vie est l’amour » !!! Je sais que je ne devrais pas trouver le texte drôle, je ne suis pas misandre, mais c’est tellement extrême! Ce dernier paragraphe me fait penser à la Genèse de la bible (le truc de la côte d’Adam), mais à l’envers. Après lecture, le mot qui me vient à l’esprit est étrange, vraiment étrange. Le ton surprend, radical comme on peut le supposer pour un manifeste, aussi non dénué d’humour (involontaire?). Je crois que le manifeste est trop radical même pour les féministes radicales! Il y a aussi des divagations sur l’immortalité et qu’on n’aura plus besoin de se reproduire, etc. Un texte vraiment « spécial ».

J’ai commencé ce livre parce que j’étais dans l’atmosphère Andy Warhol. Pour ceux qui ne le savent pas, Valerie Solanas est aussi connue pour avoir tiré sur lui, en 1968, parce qu’il s’est moqué (enfin, lui et sa clique de la Factory) de son script de film, Up Your Ass. En lisant le texte, j’essayais de comprendre Solanas. On sait qu’elle a été violée par son père, qu’elle se prostituait pour payer ses études, ça n’explique pas tout, mais on peut les voir comme des éléments qui l’ont rendu aussi agressive envers les hommes. Je trouve ça triste un peu, je ne veux en faire une martyre, mais au-delà des mots, il y a un abysse.

Le manifeste n’a pas eu un gros succès à cause de son côté surréaliste. Le bon goût aujourd’hui est l’égalité des sexes. Je mets les étoiles pour la folie, la flamboyance, c’est la première fois que je lis un livre aussi extravagant par une femme.

« En résumé, le rôle du père a été d’apporter au monde la gangrène de l’esprit mâle. Les hommes sont des Midas d’un genre spécial : tout ce qu’ils touchent se change en merde. »

Un texte culte. À la lire au deuxième degré.