Claude Lévi-Strauss
de Denis Bertholet

critiqué par Sahkti, le 16 décembre 2007
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Inhumaine biographie
La biographie de Denis Bertholet a été relue par Claude Lévi-Strauss lui-même, âgé de 95 ans au moment de sa publication.
Bertholet est professeur à l’Institut européen de Genève, il a privilégié l’analyse minutieuse des essais, articles et entretiens de l’auteur (pas d’archives privées confiées ou de sulfureuses révélations dans le cas présent) et, à partir de ce matériau, a dressé un portrait consciencieux de Lévi-Strauss.
L’enfance et l’adolescence du savant, né en 1908, est rapidement effleurée, Claude Lévi-Strauss tient à conserver secrète une partie de son jardin et préfère plutôt que l’on aborde ses études de philosophie, son approche de Freud et ses premiers choix politiques.
En 1934, Claude Lévi-Strauss se trouve à São Paulo, il se penche sur le métissage des banlieues, avant de passer de longs mois avec les tribus indiennes du Mato Grosso. Cette expérience qui guidera sa vocation, il la livre dans "Tristes Tropiques" et "Structures élémentaires de la parenté".
Les années américaines sont évoquées, les liens avec André Breton, l’amitié avec Roman Jakobson, les échanges enrichissants avec d’autres ethnologues spécialistes des populations amérindiennes et qui lanceront le projet des "Mythologiques". Arrive le Collège de France, le structuralisme, les cours et les publications, les polémiques et les désillusions.

Cette biographie est structurellement rigoureuse, tout y est, chaque étape, chaque œuvre. La parfaite biographie qui devrait plaire aux mordus du détail et de l’exactitude des faits. Mais que ça semble inhumain ! Denis Bertholet se base sur des travaux connus, sur des œuvres lues et relues, mais en profite-t-il pour analyser le personnage de Lévi-Strauss ou son œuvre ? Non. Il énonce, raconte, énumère, empile… ça manque bigrement d’émotion et de sentiments.
Bertholet évoque les voyages de Lévi-Strauss non pas sur base de notes personnelles ou de carnets de route mais sur base des récits disponibles dans toutes les librairies, peu de nouveauté et d’audace là derrière.
De même, Denis Bertholet se contente des faits tels qu’ils sont présentés dans les journaux mais il ne creuse jamais très loin pour tenter d’en savoir plus, pour établir les tenants et les aboutissants des rencontres et des relations. Je n’avais pas envie de lire la vie intime de Claude Lévi-Strauss, mais j’aurais aimé lire autre chose qu’une compilation d’articles et de textes officiels sans âme et sans vie. C’est terne et ennuyeux, d’un intérêt très relatif, une notice biographique très académique à côté de laquelle on peut aisément passer sauf peut-être les journalistes qui devront rédiger une liste chronologique ou un hommage dans un quelconque canard.