Quintett, tome 3 : L'histoire d'Elias Cohen
de Frank Giroud (Scénario), Steve Cuzor (Dessin), Giulio De Vita (Dessin)

critiqué par Shelton, le 4 décembre 2007
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Toujours au top !!!
Comme je l’ai déjà dit pour le second volet de cette série, il y a des éléments que j’ai précisés lors de la présentation du premier volume qui restent entièrement valables et que je ne vais pas reprendre en détail… Nous voici, donc, arrivés, au troisième récit, celui qui sera vu et dessiné à partir de la vision d’un certain Elias Cohen, un jeune homme souriant, blond, beau, amoureux de la musique, joueur de clarinette, un des fameux musiciens du quintett… mais aussi un personnage dessiné par un certain Steve Cuzor…
Je ne sais pas si c’est Frank Giroud, lui-même, qui a trouvé Steve Cuzor et qui l’a convaincu de travailler sur ce projet mais c’est très fort. Je connais Steve Cuzor depuis quelques années par un travail d’une très grande qualité édité chez Casterman, Blackjack. Je l’ai interviewé lors de la sortie du premier album, Blue Bell, et j’avais gardé en tête un jeune homme assez timide qui ne savait pas quel serait le succès de son projet. Les lecteurs ne furent pas si nombreux au rendez-vous et, pourtant, je vous le confirme, il était déjà très fort et le travail présenté dans cet ouvrage, plus qu’une confirmation, est pour moi une révélation totale : oui, Steve Cuzor est un dessinateur sur lequel il faudra compter dans les années à venir…
Le deuxième point est une sorte de magie opérée avec Frank Giroud car le personnage de Elias Cohen semble sorti directement de l’univers de Steve Cuzor… Passionné de musique et de moteur, fidèle en amitié, sans concession avec le mal quel qu’en soit l’origine, Elias aurait pu se retrouver à New York en compagnie de Laura, Alfonso, Vitto ou Grenouille… Le graphisme y est pour beaucoup, mais aussi la façon de concevoir la vie comme si notre scénariste avait choisi ses dessinateurs en fonction des personnages des récits, ou le contraire, allez savoir !!! Cela montre que Frank Giroud a construit ce travail Quintett avec un professionnalisme qui ne fait que donner encore plus de grandeur à cette histoire que j’adore…
Elias Cohen, nous raconte sa vision de ces semaines en Macédoine de façon très intimiste car il écrit à sa mère… Il va vivre là un moment très fort de sa vie, inoubliable et d’un tragique insupportable… Sa mère ne pourra rien faire pour lui, elle ne pourra que lire ces lignes pleines de gentillesse, de naïveté parfois, de violence aussi car la mort est au bout du chemin…
Il est toujours très difficile d’imaginer ce qu’un auteur pourra faire après un livre. Mais, après ce Quintett, il semble évident que Frank Giroud est devenu un grand de la bande dessinée qui a osé faire passer cet art narratif du stade de petite histoire à genre littéraire à part entière… Certains de ces albums « one shot » avaient déjà permis de comprendre le chemin qu’il voulait emprunter, celui de la qualité. Avec le Décalogue il prenait la tête d’une équipe et coordonnait des publications combinées sur une même histoire se déroulant sur plusieurs siècles… Avec Secrets, il ouvrait une collection touchant les recoins les plus obscurs de la vie humaine, les non-dits, les secrets de famille, les horreurs que certains vivent sans comprendre d’où vient ce mal qui les emporte…
Avec Quintett il devient le deus machina qui ose tout et réussit avec talent à proposer à des dessinateurs différents de nous raconter la même histoire, dans les mêmes lieux, avec des personnages communs… Et le lecteur s’y retrouve, comprend tout, pleure à grosses larmes et en redemande… N’est-il pas, tout simplement, en train de changer les donnes de la bande dessinée… Il y aura eu avant Hergé, avant Goscinny, avant Giroud… A voir !!!
En attendant, à vous de porter un jugement sur cette histoire au cœur de l’enfer, sur une terre paradisiaque en compagnie de tête d’ange comme celle d’Elias Cohen…
5.0 étoiles