Les gens désenchantés
de Pantelejmon Sergeevič Romanov

critiqué par Sahkti, le 25 novembre 2007
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Misère russe
La Russie des années 1920, celle des petites gens et des paysans affamés. Ces sans-le-sou dont le destin compose les nouvelles de ce recueil à l'allure désabusée et sombre. Panteleimon Romanov observe, encore et encore, décortique les âmes et nous livre le récit d'une vie dure qui vit par l'espoir tout en ne se faisant guère d'illusions. Les cadeaux de Dieu ne sont jamais vraiment des cadeaux, la première nouvelle l'illustre à merveille et "bien mal acquis profite toujours un peu".
Cette réalité russe peut paraître absurde par moments, déconnectée du monde que nous connaissons. C'est sans doute ce qui explique que les gens soient si humainement violents, cyniques et sans scrupules. La survie a un prix beaucoup trop lourd à porter et à travers ces courtes nouvelles plutôt noires, Panteleimon Romanov milite bien plus pour la paysannerie russe que n'importe quel traité socio-politique. Il ne faisait pas bon vivre alors (et maintenant?) et cela a engendré des comportements quasi animaux qui sont passés au crible au fil des pages.
J'ai été touchée par cette noirceur, cette impression de tunnel sans fin qui rend les gens un peu fous, prêts à tout. Romanov n'excuse rien, il se contente de raconter et c'est déjà très bien, car il le fait avec un langage simple, épuré, qui convient parfaitement au sujet qu'il aborde.