Alix, Tome 26 : L'Ibère
de François Maingoval (Scénario), Jacques Martin (Scénario), Patrick Weber (Scénario), Christophe Simon (Dessin)

critiqué par Shelton, le 18 novembre 2007
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Après Astérix, voici Alix en Hispanie...
La série Alix est une relique de la bande dessinée ! C’est ce que certains pensent et je pense que ce n’est pas faire offense à Jacques Martin, un des grands maîtres de cet art narratif, que de l’affirmer. Ces derniers temps, la série a tenté un grand retour dans le cœur des lecteurs en faisant appel à toute une équipe pour réaliser des ouvrages sur le thème des voyages d’Alix, façon d’offrir au public amateur de bédé des documentaires dessinés comme des bédés mais très sérieux sur le fond des sujets abordés… Quant à la série elle-même, Jacques Martin ne pouvant plus dessiner à cause de sa vue défaillante, il s’est fait aider par Rafael Morales, Cédric Hervan, Christophe Simon… n’hésitant pas, non plus à faire appel à François Maingoval pour le scénario… On peut donc bien parler d’une révolution, plus exactement une tentative de réforme de la série pour la faire vivre, la rendre attractive pour un plus jeune public, celui qui n’a pas grandi avec Alix, celui qui n’a pas entendu de la part de ses enseignants ;
« Qu’est-ce que vous êtes en train de lire ? Ah ! C’est un Alix, bon ça ira pour cette fois mais essayez de lire des vrais livres, quand même ! »
Les tentatives d’albums étaient restées, jusqu’à maintenant, très classiques, chaque dessinateur voulant être plus « Martin que Martin ». C’était à Khorsabad, celui sorti en 2006, m’avait paru un peu tristounet, un peu trop copie et non-création… Mais, le dernier, celui qui vient de paraître, L’Ibère, m’a tout de suite semblé d’un tout autre acabit et la lecture m’a démontré que nous étions, enfin, face à une véritable tentative de modernisation de cette série mythique et c’est pour cela que j’ai eu envie de vous le présenter… Je fais partie de ceux qui ont tous les Alix chez eux, mais je crois que je vais lire, encore très longtemps cette série, si elle se prolonge de cette manière…
Cette fois-ci, Jacques Martin fait appel à deux co-scénaristes, Patrick Weber, romancier et scénariste bédé connu pour toucher à de très nombreux domaines, et François Maingoval qui avait déjà travaillé sur le dernier Alix, « C’était à Khorsabad ». Ils nous pondent un scénario très bien ficelé digne d’une bande dessinée très contemporaine : sentiments et politique, fidélité et sens de l’honneur, réflexion sur la guerre et même sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes…
On retrouve Jules César en compagnie de ses amis Alix et Enak, en Hispanie. Le danger n’est pas ibère, mais romain puisque les fils de Pompée ont bien l’intention de se séparer définitivement de Jules… Quant à lui, César, il fait don d’une ferme à Alix, une ferme qui est la propriété d’un ibère fier et têtu, charismatique et résistant… Rien ne pourra se passer en douceur…
La narration graphique de Christophe Simon est pleine évolution. Si on regarde la première planche, on se croirait dans un Alix habituel et traditionnel, comme le précédent… Les dessins sont des prises de vue lointaines, surchargées de personnages et d’une façon générale très impersonnelles. Puis, en quelques planches le style va évoluer. On ne fait pas table rase du « Martin » mais on le dépoussière, on le met au soleil, il prend des couleurs, et le lecteur se remet à respirer… Les personnages sont avant tout des humains, des individus capables de parler, de s’émouvoir, d’aimer, de haïr, de se battre et de mourir… Les Ibères comme Tarago sont dignes d’entrer dans la saga « martinienne » et de devenir des grands, certes éphémères, du neuvième art…
Les gros plans se succèdent et certaines planches comme celles pages 10, 11, 13, 15, 18, 34, 35… confirment que les aventures d’Alix sont bien entrées dans une aire moderne. Le mouvement, la dynamique, l’intimité, tout y est pour séduire les lecteurs de ce début du vingt-et-unième siècle…
Alix est né en 1948 ! Nous allons tout doucement vers un anniversaire surprenant, que peu croyaient voir, les soixante ans du jeune Gaulois, esclave des Romains, qui retrouvera la liberté, voyagera à travers l’ensemble de l’Empire, fréquentera son empereur, César, passera, même, une nuit avec Cléopâtre – du moins je le crois … – et qui se retrouve, aujourd’hui, en Hispanie… Quelle épopée !!!
Petit clin d’œil en passant pour lecteurs tintinologues avertis… Le dernier dessin de l’album nous envoie au fond des eaux… Algues, poissons, trésor… couleur verte… presque la couverture du Trésor de Rackham le Rouge ! Mêmes algues ! Un trésor, aussi… le trésor que les lecteurs ont envie de partager, alors partageons…
Vous l’avez bien compris, j’ai beaucoup aimé cet album qui m’a donné le bonheur que j’avais eu en découvrant les albums d’Alix dans les années soixante-dix… Nostalgie, quand tu nous tiens… Et si cette version, plus moderne, plus mouvementée, plaisait à mes enfants ? Si c’était la nouvelle vie d’Alix avec les enfants et petits-enfants des lecteurs originaux ?
catastrophe... 3 étoiles

J'avais lu ici et là de bons retours sur cet album de reprise de la célébrissime série Alix. Après quelques tâtonnements, on semblait approcher du renouveau tant attendu.

Ce qui apparaît à la lecture de l'album, c'est une terrible déception, et, au premier chef, un scéario qui est tout simplement indigne de la série: un découpage maladroit, une trame générale confuse, on ne sait pas ce que le scénariste veut nous raconter, des personnages à la psychologie contradictoire et illogique. Pas de contexte historique ou très peu (on s'éloigne des tentatives pédagogiques des albums de Martin)...bref cette partie de l'album est clairement ratée, je me suis ennuyé ferme à la lecture de l'Ibère.

Reste le dessin: là encore une déception même si elle est relative, je l'ai touvé assez maladroit, on ne reconnaît pas Alix ni Enak, les autres personnages changent de traits au fur et à mesure de l'album...bref on ne sent pas une grande maîtrise du dessin des personnages, Les autres éléments (décors notamment) sont plus réussis sans être non plus exceptionnels.

un mauvais album en conclusion donc.

Vince92 - Zürich - 47 ans - 27 novembre 2011