Vies des douze Césars
de Suétone

critiqué par Nance, le 13 novembre 2007
( - - ans)


La note:  étoiles
Manque de rigueur
Vulgarisation des règnes de ces douze empereurs: Jules César (né 100 avant J.-C.), Auguste, Tibère, Caligula, Claude, Néron, Galba, Othon, Vitellius, Vespasien, Titus et Domitien (mort 96 après J.-C.).

J’ai lu la version en ligne de Wikisource, traduction de Désiré Nisard. Je ne sais pas si c’est à cause de la traduction, mais je peux dire que ce n’était vraiment pas fluide comme lecture. Premier constat déstabilisant, les biographies ne sont écrites en ordre chronologique, ce qui brouille les repères. Souvent on décrit le physique et le caractère de l’empereur qu’à la fin, ce qui change complètement l’image qu’on s’est fait durant la lecture. J’ai lu en diagonale les parties qui font références aux présages, plutôt drôles en fait, enfin ça a été écrit il y a deux milles ans et je suppose que les gens à l’époque étaient plus superstitieux. Le récit est plus axé sur la personnalité des empereurs que sur les faits historiques.

On peut questionner sa fiabilité et son impartialité. Bien que Suétone était le secrétaire de l’empereur Hadrien et avait accès à des sources de première main, on sent que c’est plus basé sur un mélange de rumeurs et d’informations biaisées que sur les faits réels. Plusieurs événements de ce texte sont remis en question.

Disons que c’est à prendre au sens large. Mais j’ai quand même eu beaucoup de plaisir, particulièrement pour les empereurs les moins connus. Parmi les empereurs, mon préféré est Néron. Il était fou, comme tous ces empereurs, mais je lui ai trouvé un petit plus. Par exemple, dans le chapitre XXXVIII, il met le feu à Rome, et chante, pendant cet incendie, la prise de Troie. Véridique ou pas, j’ai aimé l’image mentale. Je ne crois pas que j’ai été la seule puisque que ça a inspiré le nom du logiciel de gravure, Nero Burning ROM.

À lire si vous aimez les potins. C’est des potins classiques quand même...
Grandeurs et folies de 12 empereurs romains 8 étoiles

J’avais acheté les « Mémoires d’Hadrien » pour le second confinement, connaissant sa réputation. Puis me suis souvenu que j’avais dans ma petite bibliothèque les « Vies des douze Césars » de Suétone qui attendait d’être lu aussi. Alors j’ai décidé de commencer celui-ci avant de poursuivre celui-là, pour respecter une sorte de logique chronologique qui commandait de prendre connaissance d’abord de la vie des empereurs qui ont précédé Hadrien avant d’en lire la version biographique romancée de Marguerite Yourcenar.

C’est quand même un petit pavé de 500 pages, et le style de l’auteur est particulier, représentatif de l’époque où il vivait, qui était justement celui d’Hadrien, dont il fut le secrétaire particulier. Et il est composé en une structure qui est répétitive d’un récit d’une vie à l’autre et d’un style plutôt énumératif, ce qui ne fluidifie pas la lecture. Mais il faut l’accepter, s’agissant d’un écrit d’un auteur d’une autre époque aux conceptions littéraires différentes. Toutefois, dans le même genre historique et contemporain de Suétone, Tacite, dans ses « Annales » est quand même plus agréable à lire car ce dernier retrace de façon plus linéaire la vie des empereurs, et permet d’en mieux comprendre les raisons qui ont présidés aux événements survenus sous leurs règnes.

Suétone, lui, fait un choix différent : il condense la vie des empereurs en retraçant les éléments par thème : présages, naissance, généalogie, actions positifs et négatives, description physique, mort, etc. et du coup découpe ses vies des douze césars en morceaux recomposés qui ne respectent plus de linéarité. Il n’en reste pas moins qu’une fois qu’on en a pris son parti de cette disposition voulue par l’auteur, on arrive à se plonger, et à découvrir, à s’étonner et à s’effarer du récit des vies de Jules César, d’Auguste, de Tibère, de Caligula, de Claude, de Néron, de Galba, d’Othon, de Vitellius, de Vespasien, de Titus et de Domitien.

Chacun de ces empereurs, qui étaient qualifiés, pour la plupart de « pater patriae», père de la nation en latin, étaient plutôt, au vu de ce qu’en rapporte Suétone, des dictateurs, des tyrans, des fous et des incapables qui tous, tour à tour, ont surtout fait souffrir leur peuple, à l’exception notable de Titus, de Vespasien un peu, d’Auguste dans la seconde moitié de sa vie. Pour le reste, mieux valait ne pas être romain à Rome quand ils en étaient les empereurs ! Si toutefois tout ce qui est rapporté est bien exact. L’époque et la mentalité décrite apparaissent si éloignées des nôtres que c’en est fascinant…

Et la lecture de ces « Vie des douze Césars » fascine effectivement et on tourne les pages avec le même intérêt pour savoir ce qui s’est passé dans ces vies bien particulières et hors du commun. Un livre au final très intéressant, au style qu’il faut dépasser pour en bien apprécier toute la richesse historique , qui contient aussi souvent bien des petitesses scabreuses que l’auteur aurait pu s’épargner la peine de nous faire savoir mais qu’il a jugé bon de les retranscrire.

Cédelor - Paris - 52 ans - 21 décembre 2020


Mon livre de chevet ! 10 étoiles

Lu en folio, je n'ai pas rencontré le problème de Nance : bonne traduction et biographies en ordre !
Quel plaisir que cette approche, certes parfois "un peu trafiquée" mais dans l'ensemble relativement respectueuse de l'Histoire !
Suétone casse des idées reçues : Tibère, si décrié, est plus ou moins réhabilité, Auguste perd de sa superbe, Claude a de nouveau droit à n'être pas qu'un bègue stupide, Néron et Caligula sont ....ce qu'ils sont ! etc !
J'ai recherché pour chacun des 12, d'autres livres pour avoir une approche plus objective, dans l'ensemble, Suétone reste un vrai historien, agréable à lire et aussi proche de la réalité historique que son époque le permettait.
Quand tout me fatigue : je relis la vie des douze Césars et ça va mieux !
Un tuyau pour vous ?

DE GOUGE - Nantes - 68 ans - 19 novembre 2011