La Pensée de midi : Archéologie d'une gauche libertaire
de Michel Onfray

critiqué par Jules, le 11 novembre 2007
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Très bon !
Ce nouveau livre de Michel Onfray a pour but de défendre les libertaires de gauche. Parmi ceux-ci il étudie essentiellement trois auteurs qu’il admire particulièrement : Palante, Grenier et Camus.

A ses yeux les anarchistes comptent parmi eux un peu de tout et son contraire. En outre, ils sont par trop souvent dogmatiques. Or, pour lui comme pour les auteurs ci-dessus, il s’agit surtout de ne pas se montrer dogmatique !

Son respect pour ces auteurs vient de ce refus et il souhaiterait vivement qu’ils retrouvent le devant de la scène.

A ses yeux, le marxisme avec son dogmatisme s’est montré une véritable catastrophe pour l’humanité. Il ne peut pas y avoir de dogmatisme et, tout comme chez Nietzsche, chacun doit rester libre de penser par lui-même. Le marxisme par ses promesses sur le futur a écrasé des générations entières pour n’arriver en finale à rien. Nous pourrions assimiler les dogmes marxistes aux dogmes catholiques, également énoncés au nom d’un bonheur futur.

Il consacre de longues pages aux oppositions entre Sartre, Camus et Aron. A ses yeux, Sartre était un dogmatique de gauche, Aron un dogmatique de droite et Camus était un écrivain de gauche libertaire en ce sens qu’il refusait, avec raison, tout dogmatisme. Accepter d’entrer dans un parti c’est accepter un dogme. Camus, comme Grenier, ont adhéré au parti communiste mais en sont très rapidement sortis ! Camus assimile la pensée Nietzschéenne dans la notion de recherche du bonheur, mais pas dans sa totalité. Il s’oppose surtout aux mauvais usages que certains penseurs vont faire de cette pensée.

Et, à l’époque, tout le monde de suivre Sartre ou Aron. Ne disait-on pas qu’il valait mieux: « …avoir tort avec Sartre que raison avec Aron » Certain disaient la même chose mais en remplaçant Aron par Camus. N’est ce pas une grande preuve de dogmatisme que de dire cela ?... La raison voudrait que l’on n’accepte pas un tel type de raisonnement. Cela revient à énoncer un dogme et aussi à abandonner sa raison !

Et Michel Onfray de nous donner une série d’exemples dans lesquels Sartre s’était trompé, bien qu’il reconnaisse qu’il ne se trompait pas toujours.

Il insiste fortement sur la bien plus grande finesse de l’esprit de Camus, peut-être trop grande même pour certains, qui pratiquait lui les principes d’une gauche libertaire.

Il nous dit que dans révolte et révolution un mot ne va pas sans l’autre. La révolution seule a rarement accouché de choses bien intéressantes. Dans justice et liberté il convient également de lier les deux mots, ce que Sartre ne faisait pas. Il insistait sur la justice, mais pas assez sur la liberté, le dogmatisme communiste ne le lui permettait pas !...

Dans la seconde partie du livre Michel Onfray nous parle surtout du philosophe Palante et de Grenier, professeur du jeune Camus, et nous montre toute l’utilité de ces écrits. Ces auteurs se défient comme de la peste des partis, des foules, des groupes etc. Penser avant tout par soi-même !

Michel Onfray également (comme Jean Daniel dans « Avec Camus ») insiste sur la pensée de Camus quant à son désaccord avec Sartre sur le fait que la fin pourrait justifier les moyens.

Un excellent livre et qui n’est pas difficile à lire. Il devrait être lu par les amateurs de Camus et de ce courant de pensée.