La harpe d'herbes
de Truman Capote

critiqué par Montgomery, le 8 novembre 2007
(Auxerre - 52 ans)


La note:  étoiles
Du plaisir d'écouter un air connu avec de nouveaux arrangements
Alors que sa mère vient de mourir, Collin Fenwick, onze ans à peine, est confié à deux vieilles cousines de son père, Verena et Dolly. Catherine Creek une indienne recueillie par le père des cousines, aussi noire que «les anges d'Afrique», vient compléter le tableau. Elle est la meilleure amie de Dolly, qu'elle appelle Dollyheart, mais se défie de Verena qu'elle appelle celle-la. Têtue, elle refuse obstinément de se rendre chez le dentiste et préfère garnir sa bouche édentée de tampons d'ouate qui rendent sa prononciation inaudible sauf pour Dolly et Collin. L'irruption d'un certain docteur Morris Ritz précipitera le départ de Dolly Catherine et Collin de la maison familiale…

Truman Capote joue dans ce délicat roman la partition de la nostalgie et de l'enfance. Il le fait en virtuose et évite l'écueil de la niaiserie qui le guette pourtant au fil des rebondissements qui jalonnent la fugue de ses personnages. En passant, il n'hésite pas à dénoncer les travers d'une Amérique qu'il est difficile de ne pas qualifier de profonde : bigoterie exacerbée, racisme latent, corruption des politiciens….

A la lecture de cette harpe (devrais-je dire à l'écoute?), je n'ai pu m'empêcher de faire le rapprochement avec Proust, maître es nostalgie. A la phrase de ce dernier «les vrais paradis sont les paradis qu'on a perdus», fait écho celle de Capote se désolant que «si peu de choses reviennent comme autrefois après qu'elles ont changé». A croire que les grands écrivains sont comme les esprits, ils finissent toujours par se rencontrer au moins à travers leurs œuvres.
Ephémère 6 étoiles

« La Harpe d’herbes » est un court roman qui se rapproche presque de la nouvelle. Dans une petite ville d’Amérique, un jeune orphelin, Collin Fenwick, va vivre chez deux vieilles cousines : Verena la vieille fille austère, froide et Dolly pour laquelle il va nourrir une grande tendresse. Un jour à la suite d’un désaccord avec Verena, Dolly quitte la maison pour s’installer dans une cabane perchée sur un arbre emmenant dans son sillage la fidèle servante noire Catherine et Collin.
A partir de là démarre vraiment le récit, avec de nouveaux personnages, dans un style toujours élégant comme Capote s’est si bien le faire. Peut être ce roman s’inspire t-il de la propre histoire de l’auteur, lui même ayant été recueilli très tôt par ses trois cousines en Alabama.
J’ai bien aimé ce petit roman, surtout pour le pouvoir des mots, Capote possédant l’art de rendre son récit léger, agréable à lire, presque poétique, même si à mon humble avis la Harpe d’herbes n’égale pas certaines de ses productions.
Le petit bémol se situe peut être au niveau de l’histoire qui ne décolle pas beaucoup, mais là n’est pas le but, nous sommes dans l’éphémère, une tranche de vie, un souvenir, un témoin du temps qui passe.

Sundernono - Nice - 41 ans - 6 février 2012