Un enfant de l'amour
de Doris Lessing

critiqué par Saule, le 2 novembre 2007
(Bruxelles - 59 ans)


La note:  étoiles
Ne pas vivre sa vie
C'est un court roman, ou une grosse nouvelle si on veut, qui se lit vite et avec du plaisir. Le héros, James, est un jeune étudiant anglais, passionné de littérature et de politique, qui est pris dans le tourbillon de la guerre mondiale au début des années 1940. Il est envoyé en bateau en Inde : l'auteur décrit alors très bien la traversée abominable sur un navire surpeuplé, dans des conditions épouvantables et qui laissera des séquelles sur les soldats. Le bateau fait escale en Afrique du Sud, et c'est là que le jeune soldat va tomber follement amoureux d'une jeune anglaise. Mais la jeune femme est mariée, et puis le bateau repart, et le jeune homme se retrouve en Inde. La vie des soldats anglais en Inde est pénible, pour le moins : c'est l'inactivité pesante et l'ennui insondable, le mal du pays, et puis la chaleur et la poussière omniprésente.

Fortement marqué par sa rencontre amoureuse du Cap, le jeune homme se réfugie dans une sorte de rêve permanent, malgré le silence de la femme rencontrée qui refuse de lui répondre, il est incapable de faire le deuil de ce qui restera toujours LA grande histoire de sa vie.

J'ai bien aimé ce livre, une histoire bien racontée et aussi cette sorte de chape d'ennui qui affecte les garnisons d'Inde. L'auteur décrit sans trop de complaisance son personnage principal qui se réfugie dans une lubie amoureuse, au détriment de la réalité et au risque de passer à côté de sa vraie vie.
« Si on peut appeler ça de l'amour... » 8 étoiles

Une très belle réflexion sur le définition de l'amour. Est-ce ce délire passionnel qui s'empare de nous au moment où nous nous y attendons le moins, après une épreuve terrassant le corps et l'âme, puis qui nous poursuit jusqu'à l'obsession sur d'autres continents ? Ou est-ce cette quiétude rassurante qui nous pousse à former un couple et une famille, en forme de refuge traditionnel face aux aléas de la vie, voire de la passion ?

Ce roman court, qui explore d'une traite ces deux versants du sentiment amoureux dans un style à la fois simple et élégant, m'a particulièrement touchée. Peut-être parce que je l'ai acheté dans des conditions particulières, à l'autre bout du monde, en fouillant dans des livres de seconde main abandonnés au milieu de romans de plage par des touristes de passage. C'était l'avant-veille d'un retour vers mon continent. C'était encore sous l'emprise d'une passion dévorante. Un livre qui entre en résonance avec ma propre existence. Incontestablement.

Mieke Maaike - Bruxelles - 51 ans - 21 décembre 2009


J'y ai presque cru 8 étoiles

Nous voilà envoyés dans une aventure magique et magnifique avec un démarrage un peu lent. La rencontre de James et Daphné est un vrai plaisir et puis vient la séparation des amants avec une nette baisse de régime dans l'écriture. On y croit encore et encore et RIEN n'arrive. Je suis restée sur ma faim. Un peu déçue car j'en attendais plus de D Lessing. Un bon livre néanmoins et un bon délassement.

Campanule - Orp-Le-Grand - 62 ans - 16 octobre 2008


Un talent indéniable 8 étoiles

On pardonnera à l'auteur le côté inachevé du récit, car la maîtrise de la narratrice et son style fluide et élégant sont inégalables. De plus ce témoignage d'une époque déjà éloignée est précieux. Que d'histoires semblables sont restées dans l'ombre !

A lire d'une traite et avec beaucoup de plaisir

Tanneguy - Paris - 85 ans - 3 septembre 2008


Déçue ... 3 étoiles

je m'attendais de la part d'un auteur ayant reçu un prix Nobel une écriture beaucoup plus présente, engagée, fouillée.

Pour un premier contact, je suis déçue, ce livre ne m'a pas touchée, si ce n'est les conditions de vie des marins sur les bateaux, pour le reste, je l'ai trouvé sans consistance, irrealiste, voire ennuyant.

Je n'abandonne pas l'idée d'apprendre à mieux connaître Doris Lessing, j'espère que ma prochaine lecture sera plus passionnante

Agnes - Marbaix-la-Tour - 59 ans - 14 mai 2008


Vraie vie ou vie rêvée 8 étoiles

J’ai pris ce livre, au hasard, à la bibliothèque de ma ville.
Je ne connaissais pas du tout cet écrivain et j’ai fait là une belle découverte.

Histoire très bien résumée par Saule.

James est né entre les deux grandes guerres, malheureusement.
Il a vécu dans l’ambiance familiale confinée du Papa qui a fait la guerre et de la Maman au foyer, soumise et protectrice .
C’est le portrait type de beaucoup de famille de cette époque. Cela s’est reproduit hélas encore après la deuxième guerre mondiale. On n’aimait pas parler de ce qu’on a vécu, cela semblait trop incroyable à raconter.
Ce que le Papa redoutait est arrivé, 20 ans après lui, c’est son fils qui part pour une nouvelle guerre !

James va vivre une aventure qu’il n’imaginait même pas. La traversée mouvementée, avec tout son régiment, jusqu’au Cap, et la rencontre de Daphné, qui sera l’Amour de sa vie.
Il a vécu cet amour comme dans un rêve. Comme s’il était à côté de ses pompes.
Dans un état quasi second. Au fond, il ne sait pas ce qu’il veut vraiment. Seul l’enfant de l’amour est l’élément concret et bien réel de sa vie…

J’ai aimé cette histoire, écrite sans paragraphe, d’une traite, comme si l’auteur avait cela en elle depuis longtemps.
Elle décrit en profondeur la vie intérieure que nous avons tous.
Ne rêvons-nous pas un peu tous notre vie ?
Question que je me pose assez souvent.
Que de fois entendons-nous dire : il ou elle se fait des illusions ?

Je crois que Doris Lessing a tout compris, elle a bien mérité le prix Nobel de littérature 2007.

Gilou - Belgique - 76 ans - 2 mai 2008


un petit bijou 8 étoiles

Pour une brève évasion (ce roman se lit vraiment très vite!) hors du temps et de l'actualité n'hésitez pas à vous plonger dans l'obsession de ce pauvre James. C'est très bien écrit ,je me suis laissée emporter du début à la fin par cette histoire toute simple et si intense .

Livrophage - Pessoulens - 64 ans - 5 février 2008


Première rencontre balbutiante 7 étoiles

Ca y est, enfin ! Doris Lessing, après des décennies d’écriture et une bibliographie impressionnante, reçoit enfin ce prix Nobel qui l’a si souvent narguée.
Une naissance en Perse, une vie parsemée de luttes et discours contre le colonialisme, l’Apartheid, d’un passage par le parti communiste,… bref, une vie de questionnements, de révolution, de mysticisme parfois, qui transparaîtra régulièrement dans son œuvre.
Et c’est avec ce roman, sans doute peu représentatif, que je la découvre aujourd’hui. Un enfant de l’amour aborde les désillusions, la guerre parfois si absurde, l’attente, le vide, l’amour fugace mais passionné, les espoirs vains, l’engrenage d’une vie non contrôlée, celle dont on voudrait prendre les rênes sans jamais vraiment y parvenir.
Si les réflexions de fond sur les conditions de vie des marins, sur les non-sens et le matérialisme intéressé de la guerre, sur l’utopie et les aveuglements amoureux, sont intéressantes, elles sont néanmoins abordées, pour moi, avec une plume un peu trop lisse.
Sans aucun doute, pour la connaître mieux, me faudra-t-il lire Le carnet d’or, roman précurseur d’une grande et longue carrière, très certainement de qualité.

Bluewitch - Charleroi - 45 ans - 10 novembre 2007