Bouncer, tome 2 : La pitié des bourreaux
de Alejandro Jodorowsky (Scénario), François Boucq (Dessin)

critiqué par Shelton, le 2 novembre 2007
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Toujours aussi fort pour clore le premier cycle...
C’est avec beaucoup d’impatience que j’ai attendu le second volet de ce premier cycle des aventures de Bouncer. Un an ! Et dire que vous, vous avez la chance de pouvoir lire tout cela à la suite, sans attendre… C’est trop facile ! Mais, en même temps, ce sont ces diaboliques « A suivre » qui nous ont formés, nous les lecteurs de bédés de ces temps héroïques, quand il fallait attendre, semaine après semaine, l’arrivée des planches, deux par deux, de nos séries préférées… Astérix, Blueberry, Barbe Rouge, Tanguy et Laverdure… du moins si je me limite à celles du magazine Pilote…
En tous cas, voici le tome 2, La pitié des bourreaux, toujours signé Boucq pour le dessin et Jodorowsky pour le scénario. C’est la fin du premier cycle de cette série western de très grande qualité…
Nous sommes aux alentours de Baro-City, dans une ville où les hommes peuvent être assez expéditifs. Seth qui vient de rencontrer Bouncer, son oncle, doit apprendre à manier les armes pour pouvoir, un jour, venger l’assassinat de ses parents… Qui doit-il tuer ? Je garderai le secret car je sais bien que le lecteur a besoin de ce mystère pour garder le bonheur complet…
Dans la première partie de ce récit, nous allons avoir la bonne vieille attaque de la diligence. Classique ? Oui, très classique mais aussi incontournable et parfaitement réussie par des auteurs dont la narration graphique est presque parfaite… Coups de feu, morts, tentative de viol, récupération des richesses… et soudain, une femme sauvée d’une mort certaine et désagréable par le chef de la bande de gangsters… Pourquoi ?
Seth, de son côté, apprend le maniement des armes avec Bouncer puisque le professeur choisi initialement, Crazy Buterfly, ne peut remplir sa mission… Il découvre, aussi, l’amour après la rencontre avec Déborah. C’est la nouvelle institutrice mais elle est, aussi, la fille de celui que dois tuer Seth… Dilemme… Comme le scénariste a l’esprit complexe et embrouillé…
Je ne peux pas vous en dire plus, car résumer l’histoire, répondre à ces questions serait vous détruire la qualité de la lecture…
Insistons sur la très grande qualité graphique de cet album qui contient des scènes admirables en extérieur, sous la pluie ou sous le soleil, qui montrent un Ouest qui sort des clichés et qui rend encore plus tragique cette aventure qui l’est déjà beaucoup…
Une scène d’initiation de jeune Seth est particulièrement de grande qualité et fait plonger dans la nature montagneuse de la région… mais je n’en dis pas plus.
La rencontre entre Seth, Déborah et l’ancien capitaine Ralton est d’une étonnante vitalité. Les flash-back d’une violence extrême au moment d’une rencontre quasi familiale, permettent de bousculer le lecteur vers la phase de désespoir et de dépression du jeune homme… On en pleurerait…
C’est vraiment une des plus touchantes séries que j’ai lues ces derniers mois, une grande histoire servie par un dessinateur de génie et un premier cycle à lire et relire !
Fin du premier cycle en fanfare 8 étoiles

Force est de constater qu'une deuxième lecture deux années après la première n'altère en rien le plaisir de cette série. Rappelons le, cette série vaut autant pour son graphisme et pour ses magnifiques couleurs que pour son scénario. Ce dernier est assez simple finalement, mais n'est-ce pas là justement que provient le succès de cette série ? On part d'une idée : la vengeance, celle d'un enfant ayant assisté aux meurtres de ses parents, puis on sait l'exploiter à bon escient en tissant un univers complet, précis, avec une galerie de personnages singuliers, souvent féroces, et on assemble le tout de façon à créer un récit au montage graphique qui s'imbrique parfaitement à la trame narrative, laquelle est haletante. Du coup, les pages défilent, défilent et on en redemande... et on va être très bien servi par la suite...

PPG - Strasbourg - 48 ans - 10 janvier 2013