Bouncer, tome 1 : Un diamant pour l’au-delà
de Alejandro Jodorowsky (Scénario), François Boucq (Dessin)

critiqué par Shelton, le 2 novembre 2007
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Le retour du grand western...
J’ai toujours aimé les westerns, depuis très longtemps, en films comme en bédés, en dessins animés comme en romans. Cette passion remonte, probablement, à mes lectures de Blueberry, une des grandes bandes dessinées de ma jeunesse marquée par un grand magazine, Pilote. Le seul problème quand on aime les westerns, c’est que la mode les a fait disparaître ou presque… Heureusement, en bédé, Blueberry existe toujours et la disparition de Jean-Michel Charlier n’a pas provoqué la fin de la série. Giraud persiste et signe… Pour le reste, on trouve ici ou là, quelques albums pour entretenir ce goût de l’Ouest américain, de l’aventure à l’état pur… Les Indiens ont pris de plus en plus de place, le respect de la nature, aussi, tout cela pour le plus grand plaisir des derniers lecteurs dinosaures… D’où ma surprise quand j’ai appris, il y a quelques années, que deux géants de la bédé allaient créer une série western. Boucq et Jodorowsky ! Excusez du peu… Le premier est un dessinateur étonnant et on peut mettre à son actif Jérôme Moucherot, Lao Tseu et une série d’albums de très grande qualité comme La femme du magicien… Sur un scénario de Jodorowsky, déjà, il avait dessiné les aventures de Face de lune… Quant à Jodorowsky, lui-même, il était l’homme de L’Incal, de la Caste des Méta-barons, des Technopères, du Lama blanc, de Juan Solo… Un très grand duo pour un grand western ! Quel programme ! Quelle promesse ! Quelle réussite !
Dès le premier album, Un diamant pour l’Au-delà, nous sommes plongés dans la violence de l’Ouest, celle qui a suivi la grande guerre civile des Etats-Unis… En effet, la guerre de Sécession est enfin terminée, c’est sûr, mais certains combattants sudistes jouent les prolongations. Le capitaine Ralton, sombre personnage qui ne voit plus que d’un œil, mène d’une main de fer quelques hommes n’hésitant pas à piller pour survivre…
« Ceux qui ont perdu la volonté de se battre ne sont pas le Sud. Le Sud c’est moi, c’est nous, nous ne nous rendrons jamais ! » Le capitaine serait-il le dernier des fidèles, le pur des durs, l’ultime rempart des états du Sud ? Aurait-il des raisons autres de continuer le combat ? Qu’est-ce qui le fait avancer ? C’est ce que l’on va, très rapidement, découvrir dans ce premier album…
Ce premier cycle est aussi l’histoire d’un diamant hors norme, d’une taille exceptionnelle qui est entré dans une famille un peu par hasard… Enfin, une famille, c’est vite dit… une femme, plus prostituée que mère, plus intéressée qu’aimante… Trois frères unis pour le pire, sans aucune pitié pour personne, pas même pour les membres de la famille…
L’histoire est connue par Bouncer qui la raconte à Seth, un de ses neveux, être triste animé par la haine depuis qu’il est devenu orphelin, ses parents ayant été assassinés sous ses yeux…
Du grand art, une narration graphique époustouflante, une histoire qui tient en haleine le lecteur de la première à la dernière page… Le travail combiné de Boucq et Jodorowsky montre que le western n’est pas mort et qu’il ne le sera certainement pas tant que des auteurs de ce niveau nous raconteront des histoires qui traitent de l’humanité profonde… Haine, amour, argent, mort, tout ce que la littérature nous donne depuis des siècles, y compris dans la bande dessinée, y compris dans le grand Ouest américain…
Bouncer, l’homme qui n’a plus qu’un bras et qui est videur d’un saloon du côté de Baro-City, est un personnage très attachant que l’on a envie de suivre durant de longues années…
sombre far west 6 étoiles

Un western sombre et sanglant servi par un dessin solide et fouillé. Nous voilà tout de suite plongé dans une histoire violente où trois frères s’opposent autour d’un diamant. Vengeance, rivalité, un cocktail prenant d’autant plus que Jodorowsky est aux commandes. Un bon début.

Kabuto - Craponne - 64 ans - 21 octobre 2012


Percutant ! 9 étoiles

Longtemps que je n'avais pas vu une telle dureté, une telle violence qui nous prend aux tripes.... en fait depuis Juan Solo (déjà 15 ans !) du même Jodorowsky bien sûr !
Ca démarre en fanfare, on s'attend à une baisse de régime (légitime), mais non pas du tout, jusqu'au bout nous sommes les témoins de personnages sans scrupule qui subissent la loi du Grand Ouest : chacun pour soi, sans retenue même quand on est du même sang. Sans crier gare on plonge dans l'horreur, et on se sent un peu coupable car ce spectacle nous fascine.
Scénario percutant, innovant même, très bien servi par de superbes dessins. Une vraie réussite. Je conseille vivement, même à ceux pour qui le western n'est pas leur tasse de thé.

PPG - Strasbourg - 48 ans - 15 mai 2010