Chair Jaune - Craductions de Pierre le Pillouër
de Raymond Federman, Pierre Le Pillouër

critiqué par Sahkti, le 31 octobre 2007
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
De la traduction comme exercice
Recueil de "craductions" ou comment traduire un texte en lui donnant un sens et une sonorité nouvelle, sans pour autant le dénaturer.
Aux textes en anglais de Raymond Federman succèdent les versions françaises de Pierre Le Pillouër.
Jeux avec et sur les mots, rythme innovant, participation implicite du lecteur qui tôt ou tard, inconsciemment, se met à chercher lui aussi sa propre traduction.
Comme ce "to be retired" qui devient "toubib retiré" (page 8) ou "this morning" qui se transforme en "Qui mord sniffe" (page 13).
Au-delà de ces échos sonores, il y a également un travail sur le fond et sur la reconstitution d'une forme qui permet de lire l'histoire autrement, en préservant cependant son essence.

J'ai apprécié la qualité de l'exercice accompli, l'imagination des auteurs, leur sens de la dérision mêlé à un grand respect de l'écriture.
Nathalie Quintane résume cet acte par une belle phrase: "Prenant à la fois littéralement et (psych)analytiquement les poèmes graves et gais de Raymond Federman, Le Pillouër bouleverse l'acte de traduire sans pour autant dynamiter le traduit."