Mademoiselle Chambon
de Éric Holder, Laure Humeau-Meysselle

critiqué par AntigoneCH, le 31 octobre 2007
(La Roche sur Yon - 52 ans)


La note:  étoiles
Une passion simple
Nous sommes à Montmirail dans la Marne. Antonio, un maçon portugais, vient chercher exceptionnellement son fils à l'école, et rencontre ainsi pour la première fois son institutrice, Mademoiselle Chambon. Depuis ce jour là, entre eux, se noue une idylle secrète, inavouée.

De Eric Holder, je n'avais lu que "La Baïne", ce roman-ci est bien différent, plus fort et plus doux à la fois. La grâce et la sobriété de l'écriture servent une histoire simple, qui tend à l'universel, une histoire d'amour qui prend ses racines dans un regard timide, une sonate de violon, la contemplation d'un champ de blé. La passion s'immisce dans la vie ordinaire et chamboule les destins. A découvrir sans tarder !
Charme et poésie 8 étoiles

Véronique Chambon, jeune institutrice complexée a un étrange coup de foudre pour Antonio, un maçon père d'élève, qu'elle croise par hasard en milieu d'année scolaire. Anne-Marie, la femme d'Antonio ressent aussi de la sympathie pour cette enseignante solitaire.
Commence alors une histoire d'amour, d'amitié; une intrigue banale mais avec l'écriture si particulière de l'auteur; sa façon de décrire "les gens de peu" si touchante; respectueuse de leur quotidien, leurs rêves, leurs soucis, leurs ambitions simples mais toujours avec "un sentiment particulier et doux de faire plaisir".
La description par exemple, des courses hebdomadaires est impressionnante de vérité et nous offre un regard différent sur des scènes banales.
L'auteur saisit l'univers un peu figé de ces milieux ruraux, la répétition des tâches et l'enracinement des familles, d'une génération à l'autre reproduisant les mêmes schémas.

Cinquième livre de l'auteur que j'avais découvert grâce à une chanson de Vincent Delerm, j'y retrouve le même charme un peu suranné, avec une sensibilité remplie de tact, toute en douceur, même univers feutré et juste.
Bien sûr, on pourra reprocher un scénario convenu, des personnages stéréotypés mais l'écriture de Holder rend la lecture de ce court roman paisible, une pause relaxante remplie de quiétude.

Marvic - Normandie - 66 ans - 22 mars 2015


Légèreté et grâce de la vie quotidienne des sentiments. 8 étoiles

Voici une histoire d’amour très forte, une passion, dans laquelle les protagonistes prennent l’un après l’autre la fuite afin de ne pas sombrer dans l’égoïsme d’une relation potentiellement destructrice. On peut cependant se montrer déçu par l'exutoire trouvé par le héros masculin.

Eric Holder est un vrai poète et il produit au travers ce court roman une émotion forte grâce à son écriture aérée et légère.

Une vraie bouffée d'air frais.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 20 janvier 2014


Superbe écriture! 9 étoiles

Il faut se laisser transporter par l'écriture de cet auteur. Ses descritpions des paysages et des sentiments sont magnifiques.

L'histoire est simple et compliquée à la fois. Malgré que ce soit une histoire d'amour comme on en lit dans beaucoup de bouquins, on a vraiment envie de savoir la fin. Antonio et Véronique vont-ils être réunis? Ne vous y trompez pas, c'est loin d'être gnangnan. Au contraire, c'est un beau livre plein de beaux sentiments, de dilemme, de doutes, d'envies, de poésie et j'en passe. Et la fin laisse le lecteur un peu songeur je trouve.


A lire!!

Lalie2548 - - 39 ans - 17 novembre 2010


L'institutrice violoniste et l'ouvrier portugais 6 étoiles

En entendant parler de la sortie prochaine d'une adaptation de ce roman au cinéma, je l'ai relu...
Je me souvenais d'un plaisir ému à la lecture de l'idylle avortée entre une institutrice et un ouvrier aux fameuses "mains calleuses" soudainement initié à la beauté d'une sonate interprétée au violon...
Je me souvenais de la maladresse juvénile de mademoiselle Chambon, de la maladresse brusque d'Antonio, et du dévouement sacrifice d'Anne-Marie, l'épouse, la mère...
Je n'ai pas retrouvé tout cela. Au premier degré, j'ai retrouvé les champs de blé et la douleur de l'amour frustré par des convenances sociales. Mais de quel amour parle-t-on ? Parce qu'il se sont regardés et plu, ils s'aiment de l'amour véritable ? Qu'aime-t-il en elle ? L'inaccessibilité d'un certain savoir, la nouveauté de l'émotion esthétique ? Accordons-lui le bénéfice du doute. Mais, elle, qu'aime-t-elle en lui ? Elle ignore ce qu'il est, elle aime son corps, elle aime lui plaire et elle aime l'idée qu'elle se fait de lui. Il n'est qu'un fantasme, elle ne le connaît pas, elle ne l'aime pas.
Que dire aussi de ce dénouement, ce Georges qui lui montre la maison et les photos de famille pour qu'elle comprenne qu'elle n'est qu'une vulgaire "briseuse de couple"?
Je ne sais plus trop que penser de ce roman : tantôt en retenue, tantôt à la limite de la caricature.
Il me semble qu'il y avait là une idée, et que le personnage le plus intéressant est Antonio qui, hélas, ne va pas jusqu'au bout de sa prise de conscience, qui renonce...

Bororo - - 49 ans - 22 septembre 2009