Le dernier frère
de Nathacha Appanah

critiqué par Kikounette, le 30 octobre 2007
(Nîmes - 52 ans)


La note:  étoiles
Emouvant...
Raj est le benjamin d'une fratrie. Il a 8 ans et vit pauvrement à l'île Maurice entre ses deux frères, sa mère aimante et un père violent et alcoolique. L'histoire se déroule dans les années 40. Lui, le plus frêle et maladif, survivra à ses frères bien aimés qui périront lors du passage d'un cyclone. Il restera donc seul entre sa tendre mère et son père violent qui travaille à la prison. Raj ignore tout de ce qui se passe dans le monde comme la seconde guerre mondiale. Au soir de sa vie, il se souvient : sa rencontre avec David, un petit juif, malade et qui fait partie des réfugiés, internés à la prison. Entre eux, une histoire d'amitié va voir le jour jusqu'à la mort de David... C'est un très beau roman, triste et émouvant. Il est à lire.
Une enfance douloureuse ... 7 étoiles

Raj, homme d'un certain âge, se remémore son enfance plutôt malheureuse entre un père violent qui défoule toute sa hargne sur sa famille, une mère aimante et David un enfant qu'il observe dans cette fameuse prison entourée de barbelés.

L'île Maurice éveille dans notre esprit le tourisme, les belles plages, un endroit reculé, peut-être paradisiaque, pourtant c'est aussi cette île ayant appartenu à l'Angleterre qui abritera un camp de juifs pendant la seconde guerre mondiale. David, le blondinet souffreteux qui fascine le narrateur enfant, est l'un d'entre eux.

Raj dont la mort de ses deux frères a eu l'effet d'un séisme sur sa vie personnelle va se rapprocher de David, entreprendra de le sauver en le faisant fuir avec l'insouciance des enfants qui pensent être capables de braver la maladie et la mort. Dès les premières pages du roman, le lecteur sait que David meurt jeune, le suspense n'est pas la préoccupation principale de Natacha Appanah. Cependant, il est assez douloureux pour le lecteur de suivre ces enfants poursuivis par la mort. Comme l'on sait très vite comment le roman se terminera, les 100 dernières pages ( soit la moitié du roman ! ) sont un peu agaçantes parfois.

Je retiendrai de cette oeuvre la belle amitié décrite entre ces deux enfants, la figure maternelle protectrice et attachante et les dix dernières pages touchantes.

Pucksimberg - Toulon - 44 ans - 3 octobre 2011


Une histoire captivante, touchante 7 étoiles

Au soir de sa vie, un homme se recueille sur la tombe d’un ami qu’il a eu alors qu’il était enfant, il y a 60 ans. Ça se passe dans l’île Maurice. C’est la fin de la Deuxième Guerre mondiale. L’île est à l’abri du conflit. Mais l’est-elle complètement?

Raj a 9 ans quand sa famille quitte Mapou pour Beau-Bassin, où son père vient d’obtenir un travail de gardien de prison. Le garçon vient de perdre ses deux frères bien-aimés dans un cyclone. Il reçoit toute la tendresse d’une mère bienveillante, mais aussi les coups d’un père violent.

Bientôt, Raj s’aventure près de la prison. Il va y rencontrer David, un garçon de 10 ans. Il est Juif. Très vite en fait, on apprend que tous les détenus sont Juifs. Ayant fui le nazisme, ils se sont dirigés vers la Palestine. Mais n’ayant pas les documents nécessaires, ils ont été refoulés et se retrouvent maintenant internés à Maurice, dans l’attente d’un nouveau départ vers Haïfa.

C’est après une autre violente tempête que la vie de Raj va de nouveau basculer. Lui et David vont prendre la clé des champs. Raj sera pour David le grand frère (même s’il est le benjamin) qui veillera sur lui. Raj veut en quelque sorte retisser avec le passé heureux, lorsque ses deux frères étaient en vie: «j’étais assez idiot pour croire que si Dieu enlevait ceux qu’on aime sans raison, il offrait autre chose pour compenser».

Leur périple est long et ardu, mais ne mène nul part. David est chétif. Raj souffre aussi. Ils sont complètement déboussolés. Raj veut retourner à Mapou où il veut reformer un noyau familial avec David, avant que sa mère ne vienne les rejoindre. Le père ne figure pas dans ces plans. Mais on se doute bien que David ne survivra pas à pareille aventure. Et puis les policiers les rattrapent assez facilement.

Il s’agit d’une belle histoire, d’un regard intéressant jeté sur un fait méconnu. Le roman donne aussi espoir à ceux qui ont connu une enfance tumultueuse: il est possible de s’épanouir en adulte heureux, malgré tout ce qu’on a vécu.

Un mot enfin sur le thème de la violence familiale, exploré dans ce livre. Les descriptions choquent: «Il était saoul mais il frappait avec précision». Ça choque parce que ça existe encore de nos jours et que l’on se sent plus ou moins impuissant envers pareille barbarie. Raj nous donne un peu d’espoir toutefois. Alors qu’il semble lui-même sombrer dans la violence une fois adolescent, il la rejettera bientôt. Dans ce cas, le cycle est donc brisé.

Leroymarko - Toronto - 51 ans - 29 août 2009


À la mémoire 7 étoiles

C’est une histoire qui n’est pas sans rappeler celle du « Petit garçon avec un pyjama à rayures » à la différence que les deux enfants de chaque côté des barbelés ont en commun, une enfance marquée par un camp. L’évocation du fait historique méconnu est honorable, mais une fois que l’on a zieuté le résumé et lu le premier chapitre, il ne reste plus de surprises à prévoir dans ce récit. Heureusement, la jolie écriture pleine de tendresse de l’auteure sauve la mise.

(Prix du roman FNAC, Prix des lecteurs l'Express, Prix Culture et Bibliothèques pour tous)

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 17 décembre 2008


Maurice, face obscure 7 étoiles

Nathacha Appanah est mauricienne. Le « dernier frère » est le dernier frère d’une fratrie de trois qui vit à Mapou, situé dans le nord de Maurice, dans un bidonville aux franges d'une sucrerie et d’une exploitation de canne à sucre :

« Jusqu’à l’âge de huit ans, j’ai vécu dans le nord du pays, au village de Mapou. Ce n’était pas un village comme il en existe maintenant, avec des maisons propres, des toits aux couleurs éclatantes, des chemins de terre bien tassée ou d’asphalte bordés de haies de bambous élégamment taillés, des grilles en bois peintes qui s’ouvrent sur des cours accueillantes, des fleurs, des potagers, des fruitiers, de la lumière et des jeux d’ombre partout. Quand j’y pense maintenant, et je peux sans efforts me souvenir de ces années-là, l’endroit où nous habitions ressemblait plutôt à un taudis. »

C’est un Maurice plutôt crépusculaire dont nous parle Nathacha Appanah. Il faut dire que celui qui raconte ceci a maintenant pas loin de soixante-dix ans, sent la mort approcher, et se souvient de sa prime enfance, fin de la seconde guerre mondiale, qui fut pour lui passablement troublée. Non content de vivre donc dans un bidonville avec une mère aimante mais un père alcoolique qui bat la famille en règle, notre dernier frère va perdre son frère aîné et son frère cadet d’un coup emportés par la tempête lors d’une corvée d’eau. Ce sont ses repères qui fichent le camp et il ne se remettra pas de leur perte. D’autant moins que la famille déménage et trouve un nouvel habitat lié au nouveau travail du père ; gardien de prison. Et que cette prison n’est pas une prison comme les autres. Il apparaitra progresseivement qu’il s’agit en fait d’un camp d’internement pour juifs, partis pour la terre promise en bateau et échoués là, à Maurice à l’époque colonie britannique. Là, notre dernier frère s’attachera de manière fusionnelle à David, un enfant juif de son âge, de santé précaire, propre à jouer le rôle de frère et encore une fois …
Nathacha nous raconte à la fois cette histoire d’un enfant malheureux et un épisode étonnant de la seconde guerre mondiale ; l’internement à Maurice de juifs. Je l’ai dit, c’est crépusculaire et dur. Dépressifs s’abstenir !

Tistou - - 68 ans - 1 mai 2008


glups 9 étoiles

"Le dernier frère" est un livre poignant sur l'enfance et la résilience.

L'Ile Maurice a abrité "un camp de rétention pour Juifs" pendant la seconde guerre mondiale.

Raj et David, deux enfants martyrs s'y rencontrent et une amitié intense se noue entre eux miraculeusement.

L'auteur relate l'histoire de ces deux enfants face à l'horreur.

Elle dépeint une humanité laide et brutale mais aussi courageuse et héroique.

L'enfance ne survit pas à ce choc frontal.

L'auteur démontre nénamoins que l'adulte peut (dans une certaine mesure) se construire et vivre après le traumatisme sans devenir fou ou bourreau lui-meme.

Dans la veine de Cyrunik, elle sait toucher le lecteur droit au coeur.

Happy - - 52 ans - 9 décembre 2007


QUELLE MERVEILLE DE LIVRE 10 étoiles

Chaque page est un bonheur tant Nathacha Appanah a su captiver l'attention du lecteur par son talent d'analyse, l'émotion est intense tout au long du roman. Merci pour ce cadeau !

Bonus1 - ARRADON - 65 ans - 13 novembre 2007