Le dernier jour d'un condamné (BD) , de Victor Hugo
de Stanislas Gros

critiqué par Shelton, le 28 octobre 2007
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Splendide et profond !!!
Guy Delcourt, l’homme de la maison d’édition qui porte son nom, est un homme qui vient d’oser confier à un directeur de collection de qualité, auteur de bandes dessinées très connu par ailleurs, Jean David Morvan la mission d’inscrire à son catalogue les œuvres les plus classiques et reconnues de la littérature mondiale mais en version bédé… Tout simplement ! Oui, Victor Hugo, Alexandre Dumas ou Kafka en albums, en bédé quoi, avec des petites bulles pour faire parler les personnages… De quoi révolutionner le microcosme du phylactère, empêcher de dormir les enseignants de français…
Soyons très clairs : il existait depuis très longtemps des adaptations en bandes dessinées d’œuvres classiques. Ce n’est pas une nouveauté. L’étonnant, c’est de voir une des grandes maisons d’édition vouloir le décliner de façon méthodologique ou presque… Un début de collection avec Victor Hugo, Dumas, Shelley, Stevenson, Defoe, Dickens, Twain, Kafka…
Ce n’est pas Victor Hugo qui a retenu mon attention, au départ, puisque c’est un des auteurs dits classiques que j’aime le moins. C’est plutôt le sujet, le défi de cette adaptation. En effet, c’est un journal intime, plein de sensations, de sentiments, de désespérance, de réflexions et non de l’action. Mettre les aventures de Tom Sawyer ou Les trois mousquetaires en bédé semble cohérent, je n’ai pas dit facile. Le dernier jour d’un condamné, beaucoup moins… Qu’allait pouvoir réaliser Stanislas Gros, l’auteur qui se proposait de faire cette adaptation, scénario et dessin ?
Pour commencer, l’adaptation est-elle fidèle ? Oui, après enquête, je rappelle que je ne suis pas un lecteur assidu de Victor Hugo, on peut affirmer que Gros a lu Hugo, l’a compris, se l’est approprié et, enfin, l’a respecté. Sans avoir tout vérifié, j’ai retrouvé dans le texte original les contenus des bulles de la bédé de Gros, mais, aussi, de très nombreux narratifs. Oui, cet album est fidèle à Hugo !
Le dessin rend très bien les sentiments, les états psychologiques de notre condamné. La cellule, ce passage de la réalité au rêve, du passé au présent, de la réflexion aux angoisses est inscrit totalement dans le dessin, renforcé par les couleurs de Marie Galopin qui donne à son noir la gravité du sujet… Elle va même jusqu’à en remplir les cieux de ce condamné qui ne croit en plus grand-chose…
Certains moments sont pathétiques et la narration graphique y est géniale, comme ce moment où la petite fille, sa fille, cette charmante Marie, ne le reconnaît pas et le nomme Monsieur. Il est mal rasé, a de la barbe, a vieilli dans sa cellule…
Oui, du très grand art qui prouve une fois de plus, si besoin était, que la bédé est devenue adulte, qu’elle peut tout raconter, y compris reprendre un texte politique et engagé d’un certain Victor Hugo qui avait fait de la lutte contre la peine capitale une de ses actions majeures… Badinter prolongera ce travail pour enfin abolir définitivement la peine capitale en France… Définitivement ? En tous cas, je l’espère !
Quoi ? Vous n’êtes pas certains de lire cet album… Alors, c’est de ma faute. Je n’ai pas été assez convaincant et je souhaite que d’autres prolongent cette présentation avec plus de talent…
Une très belle adaptation 7 étoiles

J'adore ce principe d'adapter les grandes œuvres de la littérature en bd ! Celle-ci est particulièrement réussie et ce n'était pas un challenge des plus faciles: chef d’œuvre, absence d'intrigue, point de vue interne.
L'auteur nous offre ici une très bonne bd très fidèle je pense à Hugo. Tout y est: l'enfermement, le désespoir, la réflexion, l'absurdité, l'impuissance, l'angoisse... L'omniprésence de la mort auprès du personnage est un choix particulièrement bon et éloquent.
Seul bémol je ne pense pas que ce soit le texte original qui soit mis en bulle mais ma lecture de l’œuvre remonte déjà un peu.

Junos2005 - - 34 ans - 6 mars 2014


Vision de la mort 8 étoiles

Dénoncer la peine de mort n'est pas chose aisée ! Hugo à travers des pages émouvantes a su nous donner à réfléchir sur une souffrance ressentie douloureusement par le commun des mortels ! Une vision palpable de la mort qui nous guette à chaque instant ! Un livre qui suscite beaucoup d’engagement de la part des lecteurs et surtout de son auteur ! Kamel Kies

KAMEL KIES - - 71 ans - 3 janvier 2013


Fidèle 10 étoiles

Stanislas Gros, repéré par Jean-David Morvan qui dirige cette collection Ex-Libris aux éditions Delcourt, signe là son premier album. Et par une adaptation très réussie du roman de Victor Hugo. De bonnes idées (représentation assez fantasmatique du Paris du début du XIX° siècle, les traits de Hugo donnés au personnage principal, toutes les vignettes représentant le condamné accompagnées par la mort elle-même...), une mise en scène sobre et un dessin souple, avec beaucoup de force (belle utilisation du noir et blanc, des aplats de couleur...) donnent un résultat final d'une grande qualité esthétique. Pari réussi donc pour l'auteur qui, d'un roman sans presque aucune action, tire des images captivantes.

Chameau - - 44 ans - 24 mai 2011