Têtes interverties
de Leonid Moiseevič Girsovič

critiqué par Sahkti, le 18 octobre 2007
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Quand la généalogie s'en mêle
Joseph Gottlieb voulait être écrivain, avant de s'exiler vers Israël où il rencontre le désespoir, la misère, l'armée et une tentative de suicide. Il prend alors la route de l'Allemagne et devient violoniste au Philharmonique de Zickhorn (ville imaginaire).
Sur une partition, il reconnaît l'écriture de son grand-père et voit une date, 1943. Pas possible! Son grand-père a été tué par les nazis en 1941! Il semble pourtant bien que non et qu'il doit vie et protection à Gottlieb Kunze, un grand compositeur nazi.
Le petit-fils décide d'enquêter et de traquer la vérité; il va aller de surprise en révélation.

Cette quête de vérité familiale est le prétexte utilisé par le narrateur pour nous parler de tout et de rien, de l'exil, d'Israël, des femmes, de la musique, de Hitler et de la vie. De digression en digression, Leonid Guirchovitch promène habilement son lecteur, à un rythme cadencé.
Ce roman est une merveille! En exhumant de lourds secrets, en revisitant les arbres généalogiques, c'est l'Histoire que Guirchovitch démantèle, en nous obligeant à modifier notre perception des choses et de l'autre, surtout lorsque ce dernier est nazi.
Guirchovitch mélange la réalité ("Têtes interverties" est un opéra de Thomas Mann et Göbbels a bien existé) à la fiction (Kunze ou Zickhorn sont fictifs, mais tellement resemblant à d'autres réalités), au point de tout bouleverser et de secouer le lecteur. Avec ménagement, je précise!
Bref, j'ai vraiment passé un moment jubilatoire à lire ce roman.
A signaler, pour la petite histoire, que Leonid Guirchovitch est lui- même premier violon à l'opéra de Hanovre.