L'immortalité moins six minutes
de Catherine Dufour

critiqué par Vda, le 14 octobre 2007
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Fantasy réinventée
La fantasy a une bible, Le Seigneur des Anneaux de Tolkien. On décode beaucoup ce mythe littéraire et ses succédanés dans L'immortalité moins six minutes, avec une forte teinture pratchétienne.

Trois fées vivent heureuses dans une contrée où les humains sont des rejetons sans descendance de nains et d'ogres bienveillants. Une rupture amoureuse et la vengeance d'un elfe noir mettent en péril l'avenir de cet univers. Tandis que Babine-Babin, sombre dans la toxicomanie miroir magique sabotée, ses deux amies, Petrol'Kiwi et Primprenouche, afin de détruire le miroir, et de sauver cet univers, se lancent, à leur corps défendant dans une quête.

Ce qu'il y a de nouveau dans le livre de Catherine Dufour ? Une créativité décomplexée qui réinvente les figures obligées du genre avec une désinvolture pétaradante. Des héroïnes très au-delà du bien pensant et du langage feutré. Des dialogues rapides et croisés. Une critique sous-jacente du manichéisme ayant cours dans la fantasy : les gentils beaux et, gentils, les méchants noirs et, vraiment, vraiment méchants. Et si les conflits de fantasy étaient le résultat de tensions géopolitiques et sociétales ?

Un extrait :
Pimprenouche envoya la deuxième tresse rejoindre la première dans son dos, et invoqua un en-cas fromager accompagné d'une boïte de bière de papaille.
"Apprendre ? répéta Pétrol'Kiwi.
- C'est le but d'une quête. Sa raison d'être, son alpa et son oméga. Une quête est toujours menée par un quidam qui rame sur six cents lieues, et arrive au bout moins bête qu'il n'a commencé. Il a appris.
- Quoi ? demanda Pétrol'Kiwi en s'essuyant le front d'un air égaré.
- Des choses. Sur lui. Et sur le monde qui l'entoure. Ça ne te fera pas de mal, maintenant que j'y songe, gloussa Pimprenouche.
- Trop aimable. Mais je ne vois pas à quoi ça va me servir, de devenir Dr émérite ès Bas-Bord. Et, depuis l'éternité que je vis avec moi-même, je m'aime bien mais je ne m'intéresse plus guère. Disons que ce n'est plus la passion comme au premier jour.
- Ah ! C'est comme ça, une quête. C'est obligé.
- Magnifique.
Pimprenouche tendit à Pétrol'Kiwi un verre de bière.
- Tiens, bois ça. Je te sens marmiteuse.
- Et moi, je me sens profondément enquêtée.