Les Ténèbres de l'espérance
de Jean Mambrino

critiqué par Sahkti, le 12 octobre 2007
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Promenade dans les ténèbres
Jean Mambrino est un beau poète. Beau dans l'âme et dans les mots.
L'épigraphe de ce recueil peut paraître désespéré, ouvrant la porte vers une longue descente aux enfers. Je trouve ces lignes si riches, si puissantes et tellement conformes à cette acceptation de soi, cette sérénité qui se dégage des lignes de Jean Mambrino, même dans le tourment.
J'ai aimé ce recueil, beaucoup. Pour la poésie "apparente", les vers, l'agencement des mots, le rythme musical de certains textes. Et puis, aussi, surtout, pour le silence que les textes font naître, la réflexion à laquelle ils invitent. On pourrait penser, à tort, que la profession de foi de Jean Mambrino (jésuite, rappelons-le) serait omniprésente, que Dieu serait là dans et entre les lignes, expliquant tout, jugeant, soulignant ou que sais-je encore. Rien de tout cela. C'est un homme qui parle. Qui partage. Qui demande. Qui cherche. Qui propose. Dans une subtilité respectueuse de l'autre et j'apprécie cela. En s'enfonçant dans l'obscurité, le néant, il cherche comme nous le ferions tous une certaine porte de salut; cela donne une dimension extrêmement humaine à l'ensemble.


Jean Mambrino est né à Londres en mai 1923, d'un père milanais et d'une mère champenoise. Après quelques années passées à Londres, il rejoint Paris, enfant, puis Reims, avant de connaître la Dordogne pendant la guerre.
J.Mambrino effectue des études supérieures de Philosophie, Lettres et Théologie; il rejoint la Compagnie de Jésus en 1954.
Parallèlement, ses goûts culturels et ses voyages l'amènent à côtoyer T.S. Eliot, Kathleen Raine, Jules Supervielle, René Char, André Dhôtel, Georges Simenon ou encore Henri Thomas.
Auteur de poèmes, il publie et rédige des articles consacrés à divers auteurs et à certains courants littéraires, tels la poésie métaphysique anglaise. Il traduit également des oeuvres de poésie anglaise moderne et contemporaine. On lui doit aussi d'excellentes chroniques théâtrales.


"Il faut fuir par une échelle de soie,
le long des murailles lisses,
hors du vaste Château où règne
la Mort étincelante, la fête noire
des cris zébrés de silence, qui dévastent
et déchirent l'humble beauté que l'on torture.
Le long du mur, vers l'en bas,
il faut descendre par la paroi
du vertige, vers la cendre, la multitude
des yeux brûlés à la cime abolie,
au fond du désespoir,
qu'humecte une goutte
d'espérance, où l'abîme rencontre l'abîme,
quand le rien étreint l'infini."
(page 15)