Le Domaine
de Isaac Bashevis Singer

critiqué par Sahkti, le 9 octobre 2007
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Résister au développement?
Suite du "Manoir", nous retrouvons la famille Jacoby et la Pologne bourgeoise du XIXe siècle.
La confrontation entre tradition et modernité, entre idées conservatrices et développement socio-économique apparaît de manière plus forte encore dans ce second récit, accompagné par un tableau détaillé des réformes et des révolutions qui marquèrent la fin du XIXe siècle.
Les idées politiques occupent une certaine place, plus encore à mes yeux que dans "Le Manoir".
Les deux récits doivent être lus dans l'ordre, afin de prendre pleinement consciente de cette époque, du changement de mentalités, de l'endurcissement de certaines idées antisémites, des conditions d'alors, tant dans le domaine social, économique, culturel que politique.
A travers ce roman, cette vaste fresque, Isaac Bashevis Singer dresse le portrait d'une société, d'un monde précis à un moment donné. Avec un regard particulier sur tout cela. N'oubions pas que cette saga a été rédigée entre 1952 et 1955, soit après la barbarie nazie et les massacres juifs, donnant ainsi tout leur sens à des prémonitions esquissées par Singer dans son oeuvre au sujet de l'antisémitisme et d'une haine du Juif.
A nouveau, comme je l'ai dit à propos du "Manoir", il ne faut pas réduire Singer à cette lutte, mais reconnaître sa plume visionnaire et, ce que j'admire tout particulièrement chez lui, la distance qu'il arrive à prendre avec des sujets qui évoluent pourtant au fond de lui-même.