La femme d'un autre et le mari sous le lit
de Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski

critiqué par Dirlandaise, le 3 octobre 2007
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
Petit récit très amusant
Petit récit très court mais oh combien amusant ! Comme le souligne le traducteur dans la présentation, au départ, il s’agissait de deux courtes nouvelles publiées en 1848 mais refondues ensuite en une seule pour être republiée en 1860 après le bagne.

Pour résumer, c’est l’histoire d’un mari jaloux qui s’imagine que sa femme a des rendez-vous galants. Le pauvre homme s’évertue à essayer de la prendre sur le fait. Un jour, au théâtre, il trouve un billet doux porteur d’une adresse. Il est convaincu que sa femme est impliquée et il se rend à l’adresse indiquée. Je n’en dis pas plus mais le reste est d’un comique irrésistible. C’est à lire absolument !

Je retranscris le passage d’une scène qui se tient au théâtre que j’ai particulièrement aimée et qui reflète tout le génie d’écriture de Dostoïevski :

« Il arrive qu’une affichette choie des balcons les plus hauts. Quand la pièce est ennuyeuse et que les spectateurs sont pris de bâillements, cela leur fait toute une aventure. C’est avec une passion extrême qu’ils suivent le vol de ce papier juste moins léger que l’air depuis le balcon le plus haut, et ils trouvent plaisir à contempler son voyage en zigzags jusqu’aux fauteuils du parterre, où l’affichette ne manque jamais de se coucher sur telle ou telle tête absolument impréparée à cette circonstance. »
Un court texte très drôle ! 9 étoiles

Une nouvelle de Dostoïevski lue en un éclair, anecdotique au sein de l’œuvre prolifique de l’auteur russe mais tellement jubilatoire, cocasse et drôle ! La précédente que je venais de lire « Un cœur faible », certes dans un autre registre, ne m’avait pas autant enthousiasmé.

La tonalité humoristique vient évidemment de l’histoire, une sorte de vaudeville mettant en scène un mari (ou amant, on ne sait jamais), qui croît être trompé par sa femme (ou son amante donc, d’où le ridicule de certaines situations) se comporte de façon invraisemblable et se retrouve fourré dans des situations ubuesques, la faute à une jalousie excessive et une légère tendance à la paranoïa.

Mais le vrai comique réside avant tout dans l’écriture de Dostoïevski, perceptible dans ses autres œuvres plus ambitieuses : même lorsque le ressort de l’intrigue est dramatique (un suicide par exemple, il y en a beaucoup chez l’auteur), on ne peut s’empêcher de sourire tant la verve comique qui imprègne le style littéraire de l’auteur est constant (beaucoup d’intonations, d’excès, d’outrance, d’énergie, de surprises, d’incohérence, de revirements de positions…).

J’ai l’impression que pour chaque lecture de Dostoïevski je pourrais mettre 5 étoiles à chaque fois. Mais puisqu’on ne peut raisonnablement pas mettre sur le même plan ce court texte et « Les frères Karamazov », je lui ôte une demi-étoile !

Salocin - - 43 ans - 13 août 2013


Un petit moment de pur bonheur... 9 étoiles

Je me suis littéralement délectée à la lecture de ce court texte, effectivement irrésistible et plein d'humour.
Difficile d'en parler longuement puisqu'on ne peut guère révéler beaucoup sous peine de casser le plaisir des potentiels futurs lecteurs, mais sachez donc juste que les situations cocasses et non moins rocambolesques dans lesquelles se fourre ce pauvre Ivan Andréiévitch valent franchement le détour.

Dostoïevski se moque de lui, mais au delà sans doute de nous tous, qui avons fatalement été un jour ridicules à cause d'une jalousie exacerbée, au point d'en devenir presque pathétiques.
"Mais vous avouerez que la jalousie est une passion inexorable, que dis-je: une vraie calamité!..."

Je ne sais pas si ce texte a été adapté au théâtre, mais ça ferait un bon vaudeville, avec tout le côté burlesque et les malentendus savoureux qui vont avec.

Je relirai sans doute, et avec grand plaisir, l'édition Babel (Actes Sud), parce que j'affectionne particulièrement les traductions d'André Markowicz.

Sissi - Besançon - 53 ans - 24 juillet 2012