L'Avare
de Molière

critiqué par Pétoman, le 6 septembre 2001
(Tournai - 48 ans)


La note:  étoiles
Pas avare de talent
L'avare de Molière, Arpagon, est tellement avare qu'il ne donne pas son bonjour mais qu'il le prête.
Sa raison de vivre est son or, à tel point que quand il le perd, il en vient à se soupçonner lui-même.
Cette pièce est une bonne illustration philosophique de la fin et du moyen. Est ce que l'argent est une fin ou un moyen? Pour arriver à la fin bonheur, il faut le moyen bonheur. Pour l'avare, fin se confond avec moyen. Bien que vieille, cette pièce illustre toujours cet état de fait oh combien actuel. C'est ça la magie des pièces de Molière, c'est qu'elles sont tellement illustratives de la psychologie et des caractères qu'elle ne perdra jamais de son actualité. C'est valable pour tout Molière.
Drôle mais verbeux 6 étoiles

Peut-on exiger d’un avare qu’il donne plus que de vouloir, sachant qu’il veut plus en garder qu’il n’est disposé à donner ? Harpagon veut tout en sa bourse vendant jusqu’à la peau de l’ours bien avant qu’il ne vînt au monde. C’est l’hiver qui chez lui émonde les arbres qui ne donnent plus. Parfois quelques vieillards perclus forçant leurs corps à se mouvoir, marchant sous ses murs en grès noir, l’entendaient tantôt tempêter contre le mur qui obombrait les plants de choux de son jardin, pauvre mur qui n’y pouvait rien et devait essuyer les coups de cet homme devenu fou ; tantôt contre Hélios il tonnait d’avoir eu la très sotte idée de faire aller son luminaire derrière ce haut mur de pierre ! Parfois un vieillard récoltait sur la tête un de ses souliers qu’il envoyait au dieu taquin ; aussitôt traité de faquin le pauvre vieillard étourdi était poursuivi dès lundi pour avoir usé son soulier. Sur tout ce qui vous fut conté la pièce ne s’étend en rien ; mais tous ces faits lui vont si bien !
La pièce nous conte Harpagon qui souhaite mettre en son giron les charmes d’une jeune épouse, moins pour elle que pour le flouze que lui rapporterait sa dot. Mais elle a promis sa menotte au fils de ce même Harpagon. Lors les tourments de la passion, pour l’un la blancheur d’une fille, pour l’autre son tas d’or qui brille vont diviser cette famille !


L’humour y fonctionne à merveille, mille variations sur l’oseille qui posent efficacement le caractère délirant de cet avare atrabilaire qui détruirait toute la Terre pour sauver sa fichue cassette. Il est ridicule, il est bête, il est le grondement central de tout ce qui se fait de mal entre les murs de la maison. J’outrepasse un peu la raison : Maître Jacques est pour un peu un antagoniste en ces lieux, il est la victime frustrée qui ne songe qu’à se venger ; désespérant de ne pouvoir mettre quelques coups de boutoir sur l’origine de son mal, il porte donc quelques coups sales à Valère, homme à sa portée, gérant d’Harpagon adoré.
Mais cette pièce a un défaut : elle parle plus qu’il ne faut. L’auteur, pour combler une intrigue que trop peu d’éléments irriguent, étire beaucoup son propos. Et dire qu’il faut tant de mots pour amener un dénouement aussi plaisant que décevant ? La scène de reconnaissance brille par son invraisemblance : le hasard fait trop bien les choses ; trop d’éléments sur lui reposent.
Or ce procès que je fais là, contre un deus ex machina, vaut autant pour toutes les pièces utilisant cette faiblesse ; mais dans L’Avare de Molière, ce triple hasard exaspère. Volonté de caricature ? Ou preuve de désinvolture, le caractère valant plus qu’une fin tant dite et tant vue ? Je penche plus pour la seconde, car Molière connaît son monde, les usages en comédie, et s’il bouscule les avis sur la pensée, la société avec force et pugnacité, il est classique en écriture : il perfectionne la mâture, consolide tous les gréements, mais il n’inventa pas avant le fonctionnement du steamer, l’art de mêler rires et pleurs.

Froidmont - Laon - 33 ans - 27 juin 2023


Monseignor, il est l'or... 7 étoiles

Je suis très agréablement surpris par ma (re)découverte de l’Avare, dont la lecture m’a semblé à la fois assez facile et divertissante ! Le fait que la pièce ne soit pas en vers explique sans doute cette sensation (comparé au Misanthrope par exemple, que j’avais trouvé ardu), ainsi que les mécanismes comiques bien rodés par l’ami Jean-Baptiste Poquelin et un rythme assez enlevé ! Difficile de ne pas rire ou sourire à certaines scènes et quiproquo qui font encore mouche quatre siècles plus tard !

Il y a deux points cependant qui me laissent perplexe. En premier lieu j’avoue que j’ai été troublé par la ressemblance entre la célébrissime et géniale tirade d’Harpagon  (« Au voleur, au voleur, à l'assassin, au meurtrier. Justice, juste Ciel. Je suis perdu, je suis assassiné, on m'a coupé la gorge, on m'a dérobé mon argent ! ») et un passage d’une comédie de l’auteur romain Plaute, La comédie de la Marmite, qui met également en scène un avare. Cette troublante parenté, évoquée par le dossier pédagogique de l’édition de l’Avare que j’ai eu en main, a d’ailleurs valu à Molière des critiques par certains chroniqueurs du 17ème siècle.

Le deuxième point que voulais évoquer c’est le retournement final de la pièce, qui me laisse mitigé. Bien que invraisemblable, elle n’est certes pas forcément choquante dans une comédie. Mais d’un autre côté j’ai l’impression que c’est une « facilité » qui en outre décentre le lecteur de ce personnage central qu’est Harpagon.

Car Harpagon "tient" toute la pièce (et la place si je puis dire) dans cette "étude de genre". Étonnante créature, pourtant si humaine, aussi avare de son argent certes mais aussi, plus graves peut-être, de ses sentiments. Cet avare n'est-il pas finalement lui aussi une sorte de Misanthrope, incapable de s'intégrer, comme Alceste au corps social qui l'environne ?

Fanou03 - * - 49 ans - 26 septembre 2019


La peste soit de l'avarice et des avaricieux ! 9 étoiles

Pilier de la culture scolaire en France au collège, l'Avare de Molière n'eut pourtant qu'un succès mitigé à l'époque. Le public lui reprochant son texte en prose, des personnages au destin en suspens (Valère, Frosine) et son dénouement un peu WTF. Pourtant, c'était la pièce de la maturité pour Molière alors âgé de quarante-six ans lors de la première représentation.

Là où il n'échoue pas, c'est comme toujours dans son observation des mœurs de son époque. Il ne touche pas aux médecins. Tout juste y glisse-t-il une petite pique lors d'une réplique. Ce qui l'intéresse, ce sont les relations entre les parents et les enfants. Les premiers dominaient les seconds à tel point qu'il faut en passer par le père quand il s'agit d'amour. C'était un autre temps mais ça paraît toujours bizarre aujourd'hui.

Outre le besoin de liberté des enfants, Molière critique la justice et les usuriers qui prenaient à la gorge les emprunteurs avec leurs taux délirants. C'est tourné en dérision ici quand La Flèche énumère toutes les vieilleries que Cléante est forcé de récupérer s'il veut son argent.

Enfin, à travers Harpagon que Molière interprétait lui-même sur scène, c'est l'avarice qui est moqué. On a là un vieillard soi-disant amoureux d'une jeune femme. Mais ce sont plus ses éventuelles richesses que son physique ou sa personnalité qui l'attirent !

De toute façon, Harpagon est constamment moqué pour son avarice poussée à l'extrême mais aussi pour sa crédulité, sa naïveté, sa paranoïa.

Si le texte est en lui-même assez drôle, au spectacle, ce devait être autre chose. On en revient à la citation de Molière : "le théâtre n'est fait que pour être vu".

Le poids des ans a aussi fait son œuvre. Certains mots, certaines tournures de phrases ne sont plus du tout utilisés aujourd'hui. Ça peut faire sourire ce décalage entre la manière dont ils s'exprimaient au dix-septième siècle et aujourd'hui. Mais les thèmes sont toujours actuels et nul doute que Molière se régalerait aujourd'hui à se moquer de ses semblables.

Incertitudes - - 40 ans - 6 octobre 2018


bien 8 étoiles

Livre facile à lire, très plaisant, et vraiment intéressant, je le conseille pour débuter la "lecture".

Choupchip - - 49 ans - 12 janvier 2014


Assez bon 5 étoiles

Je sais que Molière est un des grands écrivains classiques de la littérature française, en revanche, l'avare que j'ai lu 2 fois , 1 fois en 4ème, je n'avais pas du tout aimé, et 1 autre fois il y a un mois. Certes, la pièce est plaisante, avec des gags, mais je la trouve un peu lourde, malgré de bons passages. Je suis par exemple partagée sur la fin, j'ai bien aimé, car tout s'arrange pour tout le monde, en revanche, je trouve que tout est résolu trop facilement !

Bref, c'est au final c'est une assez bonne comédie, même si j'ai largement préféré le malade imaginaire.

Chloe-44 - - 27 ans - 28 juin 2013


Super! :) 9 étoiles

J'ai lu ce livre il y a a moins de 2 mois et j'ai adoré! Ce personnage d’Harpagon est égoïste, détestable, ridicule et les autres personnages se plaisent à le faire enrager. La Flèche se adore se montrer insolent et à contrer l'avare tout comme ses cuisiniers. Frosine flatte l'ego d'Harpagon afin d'obtenir de l'argent de lui, mais c'est peine perdue. Ce livre est plein de plaisanteries en tout genre et l'histoire d'un vieux père avare est vraiment très amusante. C'est assez compliqué à comprendre au début au niveau de la langue, mais on s'y habitue vite!

Emma* - - 26 ans - 22 février 2012


Je me meurs, je suis mort, je suis enterré ... 10 étoiles

Harpagon est un avare invétéré, il aime passionnément son argent pour lequel il emploie un vocabulaire clairement amoureux. Il a deux enfants dont il se fiche complètement et qu'il veut marier à des personnes plus âgées contre leur gré ! Pire encore : il veut épouser Mariane la jeune femme aimée par son fils !

Ce personnage est égoïste, détestable, ridicule et les autres personnages se plaisent à le cuisiner et à le faire enrager. La Flèche, le valet, se plaît à se montrer insolent et à contrer l'avare par ses piques bien assénées. Il incarne le valet parfait comme Molière les aime. Frosine, une entremetteuse, flatte l'ego d'Harpagon afin d'obtenir de l'argent de lui, mais c'est peine perdue. Les scènes comiques s'enchaînent et touchent à la fois à la farce et à un humour plus fin parfois.

La richesse de cette pièce est qu'elle permet plusieurs interprétations. Louis de Funès a accentué le caractère farcesque de la pièce alors que Michel Serrault dans l'adaptation télévisuelle a fait d'Harpagon un personnage assez tragique et sombre dans son fameux monologue.

Comme toute comédie, tout est bien qui finit bien. Je comprends tout à fait que le langage du 17ème siècle peut rebuter le lecteur moderne, mais il est toujours plaisant de goûter un texte comme on n 'en fait plus.

Pucksimberg - Toulon - 44 ans - 15 novembre 2011


mon avis 10 étoiles

J'ai lu ce livre l'an dernier en français et j'ai adoré ! C'est assez compliqué au niveau langue (c'est du vieux français), mais on s'y habitue vite (surtout si on a un livre qui fait des annotations vocabulaire). J'ai adoré aussi le film avec Louis De Funès qui nous fait une excellente interprétation de l'Avare, alias Harpagon. J'ai aussi vu cette pièce au théâtre avec ma classe, le récit est plus vivant quand on le voit plutôt que quand on le lit, si vous avez l'occasion de voir cette pièce ou le film avec De Funès, n'hésitez pas, ça en vaut la peine... Et surtout, si vous ne comprenez pas un passage, ne laissez pas tomber et relisez-le, parce que à la première lecture, la compréhension est parfois dure ! ;)

Myrtille-confite - - 27 ans - 29 avril 2011


Sans commentaire!! 10 étoiles

Excellent tout simplement!

Oursblanc - - 29 ans - 25 janvier 2011


L'or me monte à la tête .... 7 étoiles

On se rappelle l'incroyable interprétation de Louis de Funès dans l'adaptation de cette pièce au cinéma .
En effet ; l'avare est une belle métaphore.
Ne confondons pas l'accessoire du principal .
L'argent est un moyen , le bonheur une finalité .
Molière s'en amuse au travers ce truculent personnage d'Harpagon que l'avidité exacerbée pour l'argent rend ridicule , voire pitoyable.

Frunny - PARIS - 59 ans - 17 août 2010


Que dire sur un Chef-d'Oeuvre ? 10 étoiles

Cette pièce critique la bourgeoisie du XVIIè siècle. Il y a beaucoup d'humour dans ce roman, gestuels, oraux ...
On découvre au cours de la pièce l'intelligence diabolique d'Harpagon.

Sabrina - - 28 ans - 1 mai 2010


Manque quelque chose 2 étoiles

Certes, le personnage de l’avare est un classique, il y a une belle morale, mais je trouve que l’histoire en soi manque d’enrobage. Aussi, je n’ai pas aimé les personnages en général et je n’ai pas ri (ni souri) non plus. Côté écriture, oui, je préfère celle de Molière à Jean Racine (ça ne rime pas, alors ça déconcentre moins), mais la pièce ne m’a pas emballé plus qui le faut et que j’ai terminé par principe... Enfin, je garde quelques espoirs pour Le bourgeois gentilhomme, Le malade imaginaire, Tartuffe...

Nance - - - ans - 23 avril 2010


Belle allégorie comique 8 étoiles

L'argent ne fait pas le bonheur, si on ne pense qu'à ça... et qu'à le conserver quand on en regorge. Voilà la devise, assez morale de cette pièce burlesque qui me fait bien rire.

Un signe à Catherine Defigier qui a monté la pièce avec sa classe de quatrième en grec ancien en 1992.

Veneziano - Paris - 46 ans - 13 janvier 2006


Toujours d'actualité! 5 étoiles

Malgré toutes ces années qui se sont écoulées depuis l'écriture de cette pièce, celle-ci est toujours d'actualité!! Et c'est bien décevant de constater que les jeunes d'aujourd'hui n'aiment plus ce genre de théâtre qui pourtant nous donne une belle leçon de morale sur la vie de maintenant.

Lolita - Bormes les mimosas - 38 ans - 11 décembre 2001


L'avarice est un vilain défaut... 10 étoiles

Est-il heureux pour autant?? A force de ne vivre que pour l'argent et le gain on passe à côté de tellement de choses que ça en devient ridicule! Comme je le plains ce "pauvre" Arpagon parce que malgré ses richesses, en réalité il est bien pauvre! Les sentiments, le courage, la loyauté, le respect ,...n'ont pas de prix.

Thémis - Ligny - 54 ans - 12 septembre 2001