Nous sommes à Spetses, le Pirée, vers la fin des années 1950. Pavlina est tombée éperdument amoureuse d'un homme qu'elle pense être son cousin Aris et qui se révèlera être d'un lien bien plus proche. La jeune fille, tombée enceinte, voit son enfant fruit de l'inceste confié à l'adoption après l'accouchement. C'est bien entendu le drame, le drame de la fille des Liganis, doublé d'une autragédie qui s'esquisse en filigrane, lorsque d'autres parentés familiales se voient ébranlées.
Pavlina quitte la Grèce pour Genève, vers une autre force de souffrance, qui se glisse sur celle du manque de son enfant. C'est le temps de l'exil, d'une autre vie, d'une adaptation pas facile tous les jours; alors elle dessine Spetses dans sa tête et Metin Arditi recrée un univers fait de rondeurs et d'élégance, de souvenirs et d'une certaine douceur de vivre que Pavlina tente de transposer dans la cité calviniste.
Personnellement, j'ai préféré "L'Imprévisible" à "la fille des Louganis". Le drame de Pavlina, ses souffrances, ces cris silencieux qu'elle lance au monde étouffent davantage à mes yeux l'histoire que ce n'était le cas dans le roman précédent. Moins de vie ici, plus de pression, celle d'un manque tellement fort qu'il empêche de vivre et de respirer et cela finit par déteindre sur la lectrice que je suis.
Je me suis sentie par moments tellement immergée par ce drame de l'abandon et de la quête désespérée de son enfant que j'avais besoin de sortir la tête hors de l'eau et de passer à autre chose.
L'écriture de Metin Arditi, toujours aussi raffinée et douce, n'évite pas non plus quelques longueurs qui alourdissent un récit déjà pesant par moments. Pas trop séduite donc, cette fois; trop de pathos à mon goût.
Sahkti - Genève - 51 ans - 7 mai 2008 |