Vieilles peaux
de Anna Rozen

critiqué par Cuné, le 31 août 2007
( - 56 ans)


La note:  étoiles
A la fois noyée de désarroi et palpitante de vie, toute complaisance admise, exquisément seule et affreusement abandonnée, elle goûtait, à peine salé de larmes, l’âpre plaisir de se sentir exister.
Trois longues nouvelles, où il est question de peaux, certes, mais pas forcément vieilles.
Dans la première, Postérité, Cressida Bloom, à l’aube de la soixantaine, cherche un exécuteur testamentaire. Enfin, elle veut surtout que tous ses écrits périphériques, hors de son « œuvre » littéraire, restent pour la postérité, classés, ordonnés, intelligemment conservés. Elle aura la chance qu’elle mérite, dans ses rencontres…
La seconde, Marthe et Fernand, nous offre le quotidien d’un couple âgé, elle qui fait tout, ne laisse aucune opportunité à son homme, et qui s’en plaint, bien sûr.
Enfin, Pas moi, nous place dans la peau d’une multitude hétéroclite d’individus, d’objets, d’animaux, dans un renouvellement abrupt et toujours extrêmement bien vu.

Car le charme puissant des mots d’Anna Rozen est bien là, dans ce coup d’œil superbement précis qui croque en quelques phrases nos petites vérités, celles qu’on préfère souvent garder pour soi.
Travers, manies, rituels, avis à l’emporte-pièce, il ne manque pas grand-chose du ridicule de nos petites vies, et on suit ça avec une fascination un rien distanciée, on n’aurait jamais su dresser un tableau pareil, si vivant et exact.

Chapeau.