L'attaque du Palais fédéral
de Jacques Neirynck

critiqué par Sahkti, le 29 août 2007
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
La Suisse étranglée
Dans ce roman étonnant, politique-fiction, Jacques Neirynck imagine que le Palais fédéral, siège du gouvernement suisse, est pris en otage. Dans pareil cas de figure, la Suisse ne pourrait pas procéder au remplacement de son gouvernement, le Conseil fédéral, en raison de certaines failles dans ses institutions.
Cette attaque, qui sert de point de départ à ce docu-roman, n'est qu'un prétexte pour décortiquer les institutions d'un pays déchiré entre modernité et conservatisme.
Neirynck, à son arrivée au Palais fédéral (il a été élu conseiller vaudois), s'est étonné et inquiété de l'absence totale de sécurité autour du palais fédéral et de cet angélisme voulant qu'en Suisse, les attentats, ça n'existe pas et qui voudrait s'en prendre à des ministres suisses... Preuve de confiance dans un système ou pure bêtise? Difficile à dire, d'autant plus qu'une tuerie ayant eu lieu il y a quelques années en plein conseil communal dans la paisible ville de Zoug a quelque peu bouleversé ces certitudes.

Drôle et grave à la fois, cet ouvrage, que les initiés aux joies de l'Helvétie comprendront sans doute différemment des autres, pousse l'absurdité dans ses derniers retranchements. Imaginer les calmes ministres suisses pris en otage par un commando terroriste peut faire sourire, quand on connaît les talents de certains de ces conseillers fédéraux. Mais c'est aussi destiné à faire réfléchir sur cette placidité bien suisse, cette manière de croire aveuglement être aimés de tous et ne rien craindre de personne. Une manière, une de plus, de conforter cet isolement dans lequel la Suisse aime se réfugier, dans de nombreux domaines.
Neirynck déploie toutes les subtilités de sa plume, de son ironie et de son érudition (il sait de quoi il parle puisqu'il est lui-même politicien de haut niveau en Suisse). Un bon moment!