Wolf, mémoires fictifs
de Jim Harrison

critiqué par Jules, le 1 septembre 2001
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Un homme plutôt paumé dans une certaine Amérique...
Ce livre serait des « Mémoires fictives » livrées par l'auteur.
Il est écrit à la première personne et est un des premiers livres écrit par Harrison. Avant lui, il n’avait écrit que des recueils de poésies.
« Je » s'est donc retiré dans une forêt avec une tente, un fusil, un peu de nourriture et des cigarettes. Il a laissé sa voiture à plusieurs miles de son campement. Son but est de tenir une semaine sans toucher à une goutte d’alcool. A défaut d'en boire, il en rêvera !
Il profite de ce séjour pour admirer la nature autour de lui et penser à ce que devient l'Amérique : un pays dévasté par la cupidité humaine,
l’avidité sans bornes des grands groupes industriels sous le couvert, hypocrite, de créer davantage d’emplois.
Il se penche aussi sur ses vingt ans, qui lui semblent bien loin, ainsi que sur ses multiples, et infructueuses, tentatives d’exercer un emploi stable dans une atmosphère confinée de bureaux.
Qui sont ses ancêtres venus il y a plus de cent ans d’un petit village de Suède ? Pourquoi son père et sa sœur aînée sont-ils morts d’une façon atroce dans un accident de voiture ? Que va-t-il faire de sa vie ? Fumer, boire et parcourir l'Amérique d’Est en Ouest, du Nord au Sud, ne peuvent être une fin en soi, pas plus que sa liberté, son absence d'attaches réelles. Comment gérer ces tendances suicidaires qui le reprennent chaque année en février ?.
Ce livre a un indiscutable intérêt du point de vue de la réflexion sur le monde et notre société et est très bien écrit mais… Nous ne sommes pas encore ici en présence du grand écrivain de « Nord Michigan », « Légendes d’automne », ni de « Dalva » et de « La Route Du Retour »
Un exemple : ici l’auteur ne voit en les femmes qu’il croise que l’occasion d'assouvir une poussée charnelle irrésistible qu’elles provoquent en lui. Nous sommes bien loin de la finesse psychologique qu’il nous donne dans « Dalva » ou dans la relation à trois de « Nord Michigan »…
Je ne conseillerais pas ce choix à un lecteur désireux de découvrir le grand écrivain qu'est Jim Harrison.
Le meilleur Harisson 9 étoiles

Au contraire de la critique ci dessus, je considère WOLF comme le meilleur roman que j'ai lu de Jim Harisson (j'en ai lu 5 environ).

L'écriture ici est puissante et racée. Le personnage du narrateur est très complexe et très touchant. Son parcours, ses fêlures et ses comportements totalement asociaux le rendent assez fascinant.

Ce livre fait penser à la fois aux récits de Bukowski, voire à "Sur la Route" de Kerouac, en plus ardu cependant. Wolf ne se lit pas facilement, mais c'est vraiment un grand livre. Bien plus fort à mon sens que Nord Michigan.

People - - 41 ans - 8 février 2009