Ce fort roman est d'abord l'histoire d'un homme déchiré entre son entourage, sa culture, ses valeurs, sa religion et sa passion, ses passions pour deux femmes Esther et Anna. Passant de l'une à l'autre, retournant vers son épouse, retournant vers la religion, s'isolant pour mieux assumer (subir?) le poids de la culpabilité et l'arrivée plus si lointaine du soir de sa vie.
C'est aussi le tableau fort vivant d'une communauté juive new-yorkaise de la fin des années 40, qui oscille entre affaires, politique, réflexions religieuses et passions. Ce tableau se décline en toute une série de portraits de personnages profondément humains, entre l'homme cocu, qui veut se suicider mais meurt finalement de maladie de façon fort (in)opportune, le saltimbanque que l'on croyait mort dans l'hiver russe qui ressurgit de nulle part, les banquiers véreux, une parapsychologue à l'entourloupe facile...
Comment vivre parmi les siens, parmi sa famille, alors même que succomber à ces passions répond précisément à la question de savoir ce qu'est vivre? Grein cherchera la réponse et en trouvera une. Quelle en sera la valeur? On pourra l'apprécier - ou pas - après avoir parcouru les 900 pages de cette oeuvre admirable qui, pour moi, reste une de mes meilleures lectures à ce jour.
Fa - La Louvière - 49 ans - 15 mars 2016 |