La nuit de Sala
de Françoise Pirart

critiqué par Gilpro, le 11 août 2007
( - 78 ans)


La note:  étoiles
La nuit de Sala
Un avocat prend sa retraite et retrouve la confidence d’un assassin défendu vingt-sept années auparavant. Les faits étaient établis, le coupable avait avoué. Mais pourquoi ce Carl, un Belge, était-il venu élever des chèvres dans un village perdu de Sicile ? Et pourquoi étrangler Blanche, sa belle compatriote débarquée de la veille, avant de jeter son corps dans le lac de Sala ? Le lui avait-elle demandé, lui avait-il obéi sous l’emprise d’un amour impossible, comme il l’affirmait ?
Cinq récits jetteront chacun une lueur. Vittorio, le facteur, frère de « l’idiot du village » sur qui s’étaient portés les premiers soupçons, attiré par cet étranger dont il s’est approché à petits pas jusqu’à l’apprivoiser ; Marion, l’amie d’enfance de la victime, une amitié ambiguë, teintée d’envie et de jalousie, dont elle n’a pas compris qu’elle était réciproque ; le jeune médecin qui a pratiqué l’autopsie et se découvre fasciné par l’assassin au point de subtiliser son journal, pièce essentielle de l’enquête, au mépris de toute déontologie ; Carl lui-même enfin, qui se raconte dans sa tête sa dérive de petit garagiste séduit par une jeune femme de la grande bourgeoisie, son amour fou, ses humiliations, et, lorsqu’il est poussé à bout, sa fuite pour la survie… Vaine fuite, jusqu’au coup de folie quand elle le retrouve… Mais est-ce vraiment folie ?
Ce roman polyphonique donne à chacun sa juste voix, sa juste part de conscience des éléments du drame. Mais la sommation d’éclairages furtifs ne fait pas la lumière. Dix fois nous croyons avoir compris, dix fois nous sentons que ce n’est pas tout à fait ça. Et la nuit de Sala se referme sur des interrogations en abyme, tant sont mystérieuses, irréductibles à la logique, les relations entre les êtres.
« La Nuit de Sala » a été nominé pour le Prix des Lycéens 2007.