Demasiado corazón
de Pino Cacucci

critiqué par Jules, le 31 août 2001
(Bruxelles - 80 ans)

La note: étoiles

Un véritable choc !...

Je serai très bref quant à l'histoire. Un jeune médecin mexicain découvre un énorme scandale commis, sur le territoire mexicain, par une gigantesque entreprise pharmaceutique américaine. Cette affaire permettra à l'auteur de nous révéler ce que sont les « Forces Spéciales » américaines en Amérique Latine, comment le traitement des déchets radioactifs U.S se fait par des « entreprises » du Mexique et ce que veut dire, en pratique, cette phrase « Tu vois. si nous considérons, comme disait Reagan, l’Amérique Centrale comme « la cour de la maison », le Mexique a toujours été notre décharge ».
Toute cette affaire va donner lieu à une lutte à mort entre un cameraman indépendant italien, le jeune frère du médecin, un ex haut gradé des Forces Spéciales U.S., l’industrie pharmaceutique et ses valets mexicains corrompus et sans l'ombre d'un scrupule.
Seriez-vous étonnés qu’un des accusés dans cette affaire soit aussi l'opinion publique ? Pourquoi ?. Parce que, comme le dit Bart Croce, l’ex des Forces Spéciales, à Leandro le cameraman : « Ecoute-moi bien, loser : tu sais pourquoi personne n'a passé tes films de dénonciation à la télé ? Parce que ça n’intéresse personne, parce que les gens ne veulent pas savoir, ils préfèrent ne pas entendre…. Ils ne sont pas manipulés par le Grand Frère, ils sont sourds et aveugles à tout ce qui menace de troubler leur quiétude. Si tu essaies de le faire, ils changent de chaîne. »
Voilà qui laisse de beaux jours et beaucoup d’argent aux futurs « Loft » et autres émissions du genre !…
Ce livre est un roman, mais ce qu’il nous révèle est exact, affolant et combien cynique !… « Ah, pauvre Mexique : si loin de Dieu et si près des Etats-Unis. »
Lisez ce livre, vous ne le regretterez pas ! Mais vous serez secoués !.

PAUVRE MEXIQUE, SI LOIN DE DIEU ET SI PRES DES ETATS-UNIS…

Je ne reviendrais pas sur l’histoire de ce livre, par ailleurs très bien développée ci-dessus… Je dirais juste Desmasiado Corazon est bien plus que l’histoire d’un ensemble de personnages, c’est avant tout le roman d’un pays le Mexique et d’un peuple, les Mexicains.

Ce pays, que l’auteur aime tant, nous est ici présenté au travers de ses aspects le plus négatifs, la corruption généralisée, l’argent qui achète tout, la violence, les meurtres, les gangs, la pollution généralisée, la misère, le travail en dans les ateliers clandestins, la drogue, la prostitution, le passeurs, les armes, etc etc…

Mais ne vous méprenez pas, tout n’est pas si noir que cela dans le livre de Pino CACUCCI, il y a aussi bien sûr des héros de tous les jours, des salauds, des tueurs, des femmes amoureuses, des jeunes sportifs intrépides, des vieux sages … Le tout sur fond d’un scandale de recyclage de déchets radioactifs importés des États-Unis…
Car ce n’est un secret pour personne, le grand voisin Américain s’est longtemps débarrassé sans scrupules et sans aucun remords de tous les déchets qu’il ne voulait plus sur son sol chez… son pauvre voisin du Sud… (En Europe nous avons le même phénomène entre l’Italie du Nord et celle du Sud !...)…

Voilà ce qu'est ce livre qui nous fait le magnifique portrait d’un pays, le Mexique, ici au début des années 2000, bien que je pense que depuis le pays n’a pas beaucoup changé…

Il est d’ailleurs vraiment dommage que ce livre ne soit pas plus connu et cet auteur plus lu (et présent sur CL…) car l’écriture de ce livre est vraiment très belle, lumineuse, à la fois rude, directe, secouante, violente, qui vous prend aux tripes, mais en même temps, si belle, si recherchée, si «précieuse », si délicate… Elle n’est d’ailleurs pas sans rappeler, par certains aspects, celle d’Horacio CASTELLANOS-MOYA.
Certains passages sont absolument époustouflants et on se prend à littéralement « dévorer » les pages pour connaître la suite de l’histoire. On s’attache vite, et trop, à ces personnages de « looser magnifiques », dont on sait que la fin sera tragique, mais dont on veut tout connaître de leur vie, jusqu’à la fin…

Finalement je n’ai pas grand-chose de plus à dire sur ce livre qui m’a littéralement soufflé ! C’est sans doute un des meilleurs livres que j’ai lu. C’est sans doute le livre que j’aurais aimé écrire. Je n’ai d’ailleurs pas de mots trop forts pour remercier Jules pour sa magnifique critique, qui m’a permis découvrir ce livre, pour mon plus grand bonheur, et bientôt sans doute pour le vôtre si vous le lisez!...

Septularisen - - - ans - 9 janvier 2013