Le château de Cassandra
de Anne-Laure Cognet, Dodie Smith

critiqué par Cuné, le 30 juillet 2007
( - 57 ans)


La note:  étoiles
Scoatney, Belmotte et elle
Une personnalité atypique, que celle de Dodie Smith, qui mériterait à coup sûr qu’on se penche attentivement sur elle : premier succès en 1949, avec ce Château de Cassandra, et puis surtout le mythique 101 Dalmatiens, en 1956. Elégante et impertinente, elle décède à quatre-vingt-quatorze ans, après une vie bien remplie.
Ce roman a été évoqué comme un de ceux se rapprochant de l’univers de Jane Austen.
Et en fait, notre héroïne, Cassandra, est assurément très marquée par Jane Austen, mais aussi par les sœurs Brontë, ou Thackeray. Elle les cite abondamment, et est imprégnée de cet esprit romanesque. Mais le moyen de faire autrement ? Dix-sept, dix-huit ans, vivant au fin fond de l’Angleterre dans un château majestueux mais fort nu : c’est que la famille n’a plus aucune source de revenu. Lorsqu’on entre dans leur intimité, par le biais du premier cahier de Cassandra, tout les meubles ont été vendus, la nourriture manque, la misère se fait cruellement sentir. Mais n’amoindrit absolument pas l’esprit vif, curieux et plein de fantaisie de notre Miss. Sa famille est furieusement excentrique, et la situation se complique par l’arrivée de deux jeunes, beaux et riches américains.
Rose, la grande sœur, jette son dévolu sur Simon. Cassandra, suivie par le reste de la famille, s’interroge sur la sincérité de cet engouement. Pourtant…
Jour après jour, péripétie après période calme, nous sommes plongés au cœur du quotidien de cette si charmante jeune fille.
Le découpage est celui-ci : trois parties, trois cahiers à six pence, un shilling, deux guinées. Trois périodes donc, mars, avril et mai, puis juin à octobre. J’aurai dû m’arrêter à mai. Jusque là, je me suis régalée, j’ai beaucoup souri, follement apprécié la verve et l’inventivité de notre héroïne. Mais hélas, de page en page mon intérêt s’est essoufflé, et j’ai fini par subir avec une sorte de malaise grandissant les épisodes du feu de la Saint-Jean avec Simon par exemple, ou la journée de solitude consacrée à se centrer sur ses sensations… Il m’a semblé que l’auteure perdait en cours de route ce regard empreint d’une distance amusée sur ses personnages, pour verser dans le romanesque pur.
Et, partant, ça a eu pour moi de plus en plus le goût sucré, l’écœurement m’a gagnée, et j’ai fini complètement lassée, larguée, et pas contente : où étaient donc mes beaux personnages du début, hein, cette Topaz épatante, ce Stephen rougissant et droit, ce père dans sa tour aux colères homériques ?
La faute aux américains, tiens ! :)

« Topaz a été d’une patience incroyable, mais il y a des jours où je me demande si, en plus de la patience, il ne s’agirait pas d’un vague point commun avec les vaches."