Avec presque rien, de petites choses qui lui donnent à penser, se souvenir, s’en vouloir et des mots, des mots de tous les jours, cet homme-là sans presque y prendre garde fait tout un poème. Et c’est bien.
Un autre :
« Dans le pré cet après-midi, je retrouve
des tas de souvenirs invraisemblables. Le
croque-mort demandant à ma mère si elle
veut acheter un costume pour enterrer mon père avec
ou seulement un manteau, je n'ai pas
à répondre à cette question,
ni à aucune autre. Eh bien, il est entré
dans la fournaise en caleçon.
Ce matin, j'ai regardé sa photo.
Un type massif et râblé dans la dernière année
de sa vie. Qui tient un saumon géant
devant la cabane où il habitait
à Fortuna, Californie. Mon père.
Il n’est plus rien maintenant. Réduit à une coupe de cendres
et quelques petits os. Ce n'est vraiment pas
une façon
de finir sa vie d'homme. »
p. 137
Feint - - 61 ans - 13 avril 2008 |