Le Marteau sans maître
de René Char

critiqué par Veneziano, le 30 juin 2007
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Un des joyaux du surréalisme
Pour découvrir la poésie surréaliste, qui plus est pour les cent ans de l'auteur, le Marteau sans maître, de René Char, n'est pas le plus mauvais choix.

L'avantage est que le lecteur peut se laisser guider, puisque le sens ne se laisse pas sentir dès le premier abord. Cette littérature est une ambiance, un ressenti, que même la syntaxe, parfois aléatoire, ne réussit pas à juguler. Si le style est sec et les poèmes très courts, cet apparent ni-queue-ni-tête n'efface en rien le bouillonnement, la nervosité de l'écriture. Les thèmes sont très forts, violents, parfois morbides, avec des hommages à la nature, mais aussi des passages d'un romantisme fougueux.

C'est fort, ce recueil de poèmes ne peut pas laisser indifférent.

Pierre Boulez en a tiré une oeuvre éponyme pour percussions, fatalement beaucoup plus froide, mais tout aussi tourmentée et aussi forte, à mon goût.
Dans les deux cas, la force de l'habitude conduit à trouver la forme d'esthétique de ces oeuvres, leur puissance. Non oeclidienne, elles ont besoin d'être habitées pour être ressenties.

L'art abstrait ne se comprend pas, ou pas toujours : avant tout, il se ressent ; l'habitude aide à dompter l'animal sauvage et impulsif. Il faut un peu de temps et d'analyse, et surtout accepter de se laisser déconcerter et surprendre, pour se laisser ensuite guider.
J'en apprécie la beauté.
Surréaliste ? 10 étoiles

Certes, R. Char a, de 1930 à 1934, fait partie du groupe surréaliste mais en maintenant toujours ses distances et son indépendance. Il quitte assez rapidement le groupe, sans discorde majeure. Certes, "Le Marteau sans maître" est influencé par le surréalisme mais c'est déjà une oeuvre où le jeune poète affirme son originalité. Char a dit qu'il n'avait jamais cru à l'écriture automatique. Le surréalisme a produit des merveilles mais aussi un systématisme creux, un culte de l'image artificiel. Dès "Fureur et mystère", sa poésie transcende le surréalisme et l'intègre à sa propre langue. Malgré certaines maladresses de jeunesse et un caractère quelque peu daté, " Le Marteau sans maître" est porté par une fougue, une violence, une révolte et un magnétisme rares. C'est un fleuve capricieux, dont on suit le cours de la naissance aux eaux abondantes, tournées vers l'avenir, après avoir été emporté et foudroyé par leurs humeurs méningitiques et torrentielles. Un "fleuve radiant et énigmatique ", pour reprendre les propres mots de Char à propos de cette oeuvre parue en 1934 où l'on pressent effectivement la montée des périls que l'on sait. Une oeuvre inoubliable.

Buoux - - 58 ans - 8 octobre 2008


Une écriture faite de signes cabalistiques... 8 étoiles

Les poèmes de René Char se déchiffrent tels des hiéroglyphes, se lisent et relisent, jusqu'à ce qu'ils aient un écho en nous... Cependant qu'il reste moins difficile à lire et comprendre que Saint-John Perse.

Où sont nos poètes (surréalistes) disparus ?

Commelejour - - 51 ans - 29 décembre 2007