J’aime bien le style de Dostoïevski dans ce roman. Pas de petits fonctionnaires mais des artistes, des musiciens et des princes. Et bien sûr, une pauvre orpheline, sortie de la misère grâce à la bonté d'un providentiel bienfaiteur à la porte de qui elle était tombée évanouie.
C’est un roman tout ce qu’il y a de sentimental et en effet, Dostoïevski nous décrit en long et en large tous les états d’âme, les impressions, les angoisses, les peurs et les crises de désespoir de cette enfant peu gâtée par la vie mais jouissant d’une belle intelligence et d’une sensibilité exacerbée.
Le roman est divisé en trois parties. Dans la première, l’auteur raconte l’enfance terrible de cette malheureuse aux prises avec des parents perturbés qui se débattent dans une situation de misère. Le père est un violoniste de talent mais aussi un alcoolique invétéré doublé d’un rêveur. La mère est soumise et doit faire vivre la famille en exerçant un travail éreintant. La deuxième partie raconte la nouvelle vie de Nétotchka chez le prince son bienfaiteur et son amitié passionnée pour la fille de celui-ci, Katia. Dans la troisième partie, Nétotchka part vivre chez la fille d’un premier mariage de la princesse. Elle constate immédiatement qu’un drame caché plane sur cette famille apparemment heureuse mais bien solitaire et semblant abandonnée de tous sauf de quelques fidèles amis. Une lettre trouvée par hasard lui révélera la triste vérité.
Plus j’avance dans l’œuvre de Dostoïevski, plus il m’éblouit par la puissance de sa narration. Je n’ai pas lu ce roman, je l’ai vécu avec l’héroïne. Nul besoin de se forcer, tout coule naturellement et c’est un véritable enchantement pour qui aime les belles histoires pathétiques et remplies d’émotion.
« Mon occupation préférée était de me rencogner je ne sais où, là où l’on me remarquait le moins, derrière un meuble quelconque, et, là, tout de suite, de me mettre à me souvenir et essayer de comprendre ce qui m’était arrivé. Mais, chose étrange ! j’avais comme oublié la fin de ce qui m’était arrivé chez mes parents et toute cette histoire affreuse. Je ne voyais fuser devant moi que des tableaux, une suite de faits. Certes, je me souvenais de tout – et la nuit, et le violon, et papa, je me souvenais de la façon dont j’avais trouvé de l’argent pour lui ; mais donner un sens, m’éclaircir ces aventures, je ne sais pas, j’en étais incapable… »
Dirlandaise - Québec - 69 ans - 5 octobre 2007 |