Siva
de Philip K. Dick

critiqué par Elric, le 20 août 2001
(Boussu - 50 ans)


La note:  étoiles
Salut, Jésus, t'en as aujourd'hui ?
Le bout du labyrinthe, pour paraphraser l'auteur lui-même. Rarement aura-t-on lu un roman plus démentiel. Ou plutôt trois puisque voici trois variations sur un même univers.
Dick, à la fin de sa vie, ne tournait plus très rond dans sa tête et c'est un euphémisme. Délires mystiques, expérimentations zarbies, recours aux hallucinogènes,... Dick a vu Dieu. Oui, sous la forme d'un rayon rose fluo venu d'ailleurs qui lui a transmis son message. C'est ainsi qu'on apprend, entre autres, que Jésus dealait des champi. Ben oui. Est-ce un roman ? Sans doute pas réellement pour Dick. Pourtant c'est une oeuvre totalement originale qui recèle un bon paquet de réflexions très pertinentes sur la réalité. Un bouquin de philo déguisé en histoire de S.F. alors ? Peut-être. je ne sais pas. en tout cas le livre provoque le rejet immédiat ou l'adhésion absolue en moins de dix pages. N'en attendez pas une intrigue linéaire. Plutôt une plongée dans l'infini et les décors truqués.
mysticisme hallucinogène 8 étoiles

Dick ne nous pas ici une de ses œuvres « traditionnelles », il nous présente un condensé incroyable de philosophie et de religion et, plus que fort probablement, une religion à laquelle il croyait lui-même dur comme fer, savant mélange entre ésotérisme et mysticisme dans le sens premier et le plus ancien du terme. Il en ressort un roman riche et profond qu’il est agréable de voir comme une porte ouverte vers un questionnement philosophique sur notre nature et notre rapport avec le grand tout, non pas qu’il faille prendre pour argent comptant certaines idées/réponses/délires probablement lié(e)s à la consommation abusive de quelques substances dont Dick était friand, mais il n’en reste pas moins que le questionnement, lui, est réel et intéressant.

Pendragon - Liernu - 54 ans - 14 mars 2013


Pourquoi mon chat est-il mort ? 9 étoiles

SIVA = Système Intelligent Vivant et Agissant
(titre original :VALIS )

>

Le genre : mystico-schizophrène*.

L'histoire :

Au départ, ils sont quatre, mais en réalité, ils sont trois, trois copains inséparables, sortes de freak brothers issus tout droit de la BD de Shelton, mais ceux-là, au lieu de chercher de la came, se shootent à la quête existentielle. Le film de science-fiction, "SIVA", agit sur eux comme une "révélation", sauf pour Kevin qui ne croit plus en Dieu depuis que son chat s'est fait écraser par une voiture.

Ils découvrent que le réalisateur du film est une star du rock dont la fille, âgée de deux ans, prononce des paroles pleines de sagesse : les temps messianiques seraient-ils (re)venus ? Fat a été traversé, autrefois, par le Rayon rose : il croit au divin. Mais Fat n'existe que dans le monde halluciné de Philip, le narrateur !

Et si la fillette bouddha n'était qu'une marionnette sophistiquée manipulée par un charlatan ?

Entre les élucubrations de comptoirs des trois (ou quatre) compères et les multiples "fragments de l'exégèse" de Fat, le lecteur assiste à un jeu de pistes farfelu à l'issue duquel les héros auront un semblant d'explication à toutes leurs questions mais un semblant seulement : éléments de réponse dérisoires pour une quête essentielle, digne du Parsifal de Wagner, jalonnée de morts par suicide annoncé, maladie incurable ou accident idiot (le chat).

Il faudra apprendre à rester éveillé et à attendre. Rien ne sert de chercher : >.

L'amitié qui réunit les trois compères, l'humour avec lequel ils se regardent vivre, illuminent cette œuvre, terriblement lucide et souvent très drôle, malgré la gravité des sujets abordés et le côté indigeste des élucubrations gnostiques de Fat.

* Remarque : on retrouve dans "Siva" certains thèmes narratifs qui étaient traités sous l'angle politico-paranoïaque dans "Radio libre Albemuth". Cet ouvrage fait partie de la "trilogie divine", dernière oeuvre publiée par Dick de son vivant.

PS : cette critique avait été postée sur le site "Branchum", sous mon vrai patronyme)

Mae West - Grenoble - 73 ans - 15 février 2006