Un roman russe
de Emmanuel Carrère

critiqué par Laure256, le 1 juin 2007
( - 51 ans)


La note:  étoiles
si terrible et si sublime...
Emmanuel Carrère n'a jamais connu son grand-père maternel, un homme d'origine russe, qui a toujours souffert de sa grande pauvreté, et qui avait du mal avec la vie familiale, abandonnant femme et enfant chez des amis, faute de pouvoir les loger. Emigrés, ils vivent à Paris, puis à Bordeaux, où en septembre 1944, il disparaît. Probablement arrêté pour faits de collaboration. Jamais sa famille ne saura ce qui lui est arrivé, jamais son décès ne sera prononcé. C'est une lourde souffrance pour sa fille, Hélène Carrère d'Encausse. Et quand son fils Emmanuel atteint presque l'âge qu'avait son grand-père lors de sa disparition, il veut y voir clair dans ces silences et ces vieux démons. Il part dans un petit village russe pour un reportage documentaire, à la rencontre d'un survivant hongrois, prisonnier de guerre. 56 ans après, cet homme est toujours vivant, pourquoi son grand-père ne le serait-il pas ? Il brave l'interdit (dicté par la souffrance) de sa mère pour reconstruire son histoire familiale, il repartira plusieurs fois en Russie.

En parallèle, l'année 2002 est l'année de l'amour, il vit avec Sophie, dont il est très amoureux, malgré une différence de milieu social qu'ils se reprochent mutuellement. Et il lui fait la plus belle déclaration d'amour qui soit, en écrivant sur commande une nouvelle pour Le Monde, nouvelle érotique qui lui est destinée et qui devra paraître tel jour à telle heure, heure où elle sera dans le train et découvrira cette déclaration si osée et si bien anticipée. Mais la vie en décide autrement et Sophie ne sera pas dans le train, ne lira pas le texte. L'implication sur le réel est terrible.

Je me souviens de ces nouvelles du Monde, publiées l'été, mais je n'ai pas acheté le journal ce jour-là, une histoire pareille, je m'en souviendrais. Cette histoire d'amour sera aussi forte et belle qu'elle sera douloureuse.

Dans un entrecroisement parfait de quête familiale, d'événements souvent alcoolisés dans le petit village russe pendant le tournage, de sa relation à sa mère et à son amante, Emmanuel Carrère se livre, aussi intimement que sublimement. Une fois refermé, on ne peut plus oublier ce livre et il faut laisser du temps, beaucoup de temps, avant de pouvoir en ouvrir un autre.
Le jeu du je 8 étoiles

Il y a tout juste deux ans, je m'apprêtais à lire, dès sa parution, le nouvel ouvrage d'Emmanuel Carrère, "Le Royaume", dont le sujet, bien évidemment, m'intéressait au plus haut point, puisqu'il y était question des origines du christianisme. Je n'avais encore lu aucun livre de cet auteur et j'avais été frappé, étonné et conquis par les choix narratifs qui étaient les siens. Il ne s'agissait pas pour lui de raconter les origines du christianisme comme s'il se plaçait en dehors de son sujet, comme un érudit ou un observateur, mais plutôt de se raconter lui-même allant à la recherche des origines du christianisme. Le recours fréquent à la première personne du singulier risquait certes d'indisposer certains lecteurs, mais avait toutes les chances d'en séduire d'autres. Et j'ai fait partie de ceux-ci, j'ai été séduit. Aujourd'hui, après avoir lu "Un roman russe", je me rends compte que ce jeu du je s'apparente à une marque de fabrique chez Emmanuel Carrère. Car, dans ce livre également, l'auteur se raconte autant qu'il raconte les autres ou le sujet qui est le sien. Ici il est question de Kotelnitch, un bled perdu de Russie dans lequel a été retrouvé un Hongrois qui s'est avéré être le plus vieux prisonnier de la Seconde Guerre Mondiale. Mais ce fait divers n'est qu'un point de départ, un prétexte, car ce qu'entreprend de faire Emmanuel Carrère, c'est, en partant de cet événement, raconter Kotelnitch et ses habitants, mais aussi raconter sa famille d'origine russe et, comme dans "Le Royaume", se raconter lui-même. Ce livre, comme peut-être tous les livres de l'auteur, n'est rien d'autre qu'une confession, et une confession qui ne craint pas même d'aller jusqu'à l'impudicité. Cela pourrait être gênant, mais je trouve que c'est surtout désarmant de franchise et de sincérité et, en fin de compte, très émouvant.

Poet75 - Paris - 67 ans - 19 août 2016


quoi dire ? ..... 2 étoiles

Revenons rapidement sur l'histoire, Une quête de racines en Russie, Une histoire d'amour qui finit mal, un prétexte Hongrois. Voila c'est fait.
Je pensais être passé complètement à côté de Limonov et avoir mal jugé Emmanuel Carrère .....Finalement non. Cette fois je suis allé jusqu'au bout quand même, mais franchement je déteste ce genre de personne qui a du mal à exister parce que sa mère lui fait trop d'ombre et qui n'a ni le profil d'un Limonov (nous y revoilà), ni celui d'un grand-père un peu underground, lui aussi, mal dans sa peau. Pauvre homme né avec une cuillère d'argent dans la bouche qui n'accepte pas sa condition de "fils de".
Et sa nouvelle ....parlons en de sa nouvelle qui révolutionne le monde de l’érotisme et de la chronique ....mais pour qui il se prend ?
Voila ce qui ressort de cette lecture, un type prétentieux, mal dans sa peau, n'arrive pas à se défaire de l'emprise maternelle, mais arrive très bien à être un gougnafier (c'est la première fois que j'emploie ce terme, mais je trouve qu'il lui va très bien)... Monsieur Carrère votre nombril doit être immense pour mettre autant de temps à en faire le tour.

Pytheas - Pontoise - Marseille - 59 ans - 9 juillet 2015


Déception 2 étoiles

Après avoir lu Limonov, je me suis précipitée acheter Un roman russe pour maintenir ce lien littéraire avec la Russie qui m'avait ravie.
Quelle déception! Un banal roman où un écrivain joue de sa fortune et de sa célébrité pour n'aboutir qu'à la souffrance d'autrui.
L'histoire du hongrois est vite oubliée, l'amante est maltraitée, la mère est humiliée et l'équipe de télévision snobée...
Emmanuel Carrère dresse un autoportrait peu flatteur où tous les thèmes (famille, amour, travail) renvoient une image de lui brouillée par un égo surdimensionné.

Anna Rose - - 51 ans - 16 septembre 2013


Suspect parce que racoleur 2 étoiles

La lecture de "Liminov" m'a prodigieusement intéressé et, partant, j'ai ressenti de la curiosité pour un auteur auquel je ne m'étais pas jusque là frotté.
Quelle déception que ce "Roman russe", pas si russe que cela en fin de compte.
Il contient trois histoires assez habilement entremêlées: celle du hongrois Andras Toma et de la bourgade russe de Kotelnitch, celle de la famille de l'auteur et de son grand'père géorgien, celle de sa relation avec Sophie. En fait le personnage principal du livre, c'est lui, Emmanuel Carrère. Cela s'appelle, paraît-il, de l'autofiction.
C'est désolant de fausse modestie, farci de clichés à la mode cachés sous une apparente franchise, banalissime sous un enduit de pseudo réflexion sur le monde moderne, recuit à l'incontournable psychanalyse.
Désolant.
Mais il a fait mieux depuis.

Falgo - Lentilly - 84 ans - 9 octobre 2011


A mieux fait (élève brillant mais roublard) 6 étoiles

A la fin de ce livre je ne peux m'empêcher de penser que M E. Carrere devait rendre un bouquin à son éditeur.
L'alibi de départ du roman "Je vais en Russie faire un reportage qui me permettra peut être d'en finir avec le secret de famille" est mal ou peu traité. Une biographie expédiée du grand père en début de livre puis plus grand chose à voir avec ceci pendant le reste du livre (excepté le truc un peu lourd du "pourquoi je n'arrive pas à parler Russe correctement? c'est freudien ?). Pour remplir on parle de soi et de sa vie de couple. Le tout donne vraiment une impression de livre bancal.

Néanmoins, cela ne m'empêche pas d'y trouver mon compte:

j'aime toujours son style froid et dépouillé,
je suis un lecteur "voyeur" qui préfère lire la vie des écrivains que celle des pseudo stars académiciennes dans les torchons hebdomadaires (Ralala ce Emmanuel quel drôle de type, ma brave dame... et l'autre jour je les ai entendus se disputer! Et il était saoul en plus!) donc l'autofiction: autobiographie (un roman russe?) me plaît.
Il y a quelques morceaux de bravoures :la lettre finale à sa mère époustouflante, une réflexion sur la difficulté de vivre en couple surtout lorsqu'on vient de milieux différents, l'ego surdimensionné des écrivains (je n'ose pas croire qu'il pense avoir eu le beau rôle dans son histoire d'amour) ....donc quelques biscuits pour la faim

Au final, le livre m'a plu mais je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur livre pour aborder son oeuvre. Je conseillerai plutôt le remarquable "L'adversaire", très maîtrisé sur un thème cher à cet auteur: L'enfermement dans le mensonge et la confrontation au réel.

Et un peu plus de la moyenne pour cette copie agréable mais limite hors sujet

Wmgec - - 55 ans - 17 août 2011


Très bon 9 étoiles

Un roman russe? Pas tout à fait, ou à tout le moins pas dans le sens du roman traditionnel. C’est plutôt le journal personnel de l’auteur, rédigé durant la réalisation de son projet documentaire sur la petite ville de Kotelnitch. Il vit alors une histoire d’amour tumultueuse et s’intéresse au sort de son grand-père russe, disparu en France en 1944.

À certains moments, on se demande où on veut en venir. On passe d’un sujet à l’autre et le fil conducteur est parfois très ténu. Et pourtant, je m’y suis accrochée dès les premières pages, absorbée par l’écriture et par cette sombre introspection qui nous est livrée sans censure. Absorbée aussi par les histoires, qui deviennent de plus en plus prenantes à mesure qu’on avance dans la lecture. La lettre à sa mère, qui sert de conclusion au roman, clôt le tout de façon magistrale.

S’exposant lui-même comme quelqu’un d’assez prétentieux, on ne peut que trouver l'auteur assez antipathique à certains égards… Mais malgré tout, je trouve que c’est un écrivain brillant et je vais assurément continuer à le lire.

Gabri - - 37 ans - 20 décembre 2010


Carrère fait son Angot 6 étoiles

Emmanuel Carrère, duquel j’avais beaucoup aimé L’adversaire et La moustache, ne m’a pas entièrement convaincu sur ce livre-ci même s’il est dans le prolongement logique de ses derniers ouvrages.

La partie russe m’a plu. Celle au cours de laquelle Emmanuel et une équipe de tournage se rendent à Kotelnich sur les pas d’un vieux Hongrois qui y a vécu depuis la guerre mais aussi pour résoudre l’énigme de son grand-père disparu pendant la guerre. Au cours de ce périple, il est fasciné par une jeune femme, mariée avec un fonctionnaire de la nouvelle police et dont la destinée sera à l’origine du retour de l’auteur en Russie. La partie parisienne, où Carrère fait son Angot, se met à nu et raconte aussi près que possible son histoire d’amour avec une femme d’une autre classe sociale, m’a laissé plus froid.

Les deux parties sont censées participer de la quête des origines de la souffrance… de la mère (l’académicienne Hélène Carrère d’Encausse) qui, d’après l’auteur serait à l’origine du malheur familial qu’elle aurait répercuté sur son entourage faute d’avoir pris sur elle ce problème. Un peu facile comme conclusion, est-on en droit de penser, même si l’auteur ne la présente pas vraiment comme telle. Son équipée russe, son histoire d’amour perdue ne lui ont rien permis sinon d’écrire ce livre en nous prenant à témoin du cri d’amour lancé en direction d une mère. Dans une interview récente, parue à l’occasion de la sortie de son dernier roman, « D’autres vies que la mienne », il signalait que l’écriture de ce roman avait eu la fonction cathartique attendue.

Kinbote - Jumet - 65 ans - 18 avril 2009


Autofiction, genre littéraire... 7 étoiles

Je me souviens, d'une polémique sur le pour ou le contre de l'autofiction, suite à la publication du best-seller La Putain de l'auteure Nelly Arcan, débat qui m'avait peu intéressée à cause de l'impertinence de questionner un genre littéraire, mais qui m'avait quand même porté à me poser la question sur le sujet. Sauf, qu'il m'avait été impossible de me rappeler avoir lu un tel ouvrage.
Maintenant je sais, pour ou contre n'a toujours pas d'importance à mon avis, je sais par contre sans aucune équivoque, que je n'aime pas!
Je n'ai pas apprécié cet étalage narcissique, égocentrique et sans pudeur aucune, il m'a confinée dans un rôle passif et inconfortable de voyeure et ses descriptions incessantes, répétitives ad nauseam de consommation d'alcool et de cigarettes, quel intérêt...?
Pourtant l'écriture est superbe, le rythme est dynamique et fort efficace, j'ai lu les trois cent cinquante pages et plus en moins de trois jours, comme le meilleur des suspenses, ce qui n'est pas peu dire de la qualité d'une lecture...
Écrire aussi bien pour si peu dire, voilà ma déception, contrairement à d'autres lecteurs, j'oublierai assez rapidement ce livre magnifiquement écrit, au contenu si peu mémorable!

FranBlan - Montréal, Québec - 81 ans - 13 février 2009


un roman rusé 1 étoiles

"c'est écrit correctement, c'est amusant. Et puis le doute finira par s'insinuer..... pas une faute de frappe, ni de français. La cruauté pure. Il n'y en a pas assez pour me faire croire que ce type est vraiment.... naïf, pervers..."

extraits choisis page 254 édition POL

j'ai refermé le livre et je me suis demandé pourquoi a t-il écrit ce livre, pourquoi nous avoir emmené si loin pour revenir si près sans rien ramener !

Tintinbouquine - - 66 ans - 15 mai 2008


froidure 4 étoiles

Carrère d'origine russe descend d'une famille aristocratique encore reconnue, avant la chute des privilèges.
Fernand Khnopff aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique à Bruxelles me donne la clef de l'autobiographe clenché dans l'isolement.
Hautain, dans sa démarche de journaliste ennuyeux, il sollicite une approche plus humaine dans le but d’obtenir un reportage chaleureux.
Le pauvre homme, placé devant la vérité des dures réalités rurales, se raccroche à l’unique fait divers insignifiant, sans intérêt.
Ce triptyque de Khnopff nous révèle à gauche, un guerrier, féminin, masculin, ambivalence sous-jacente corroborant à merveille la fonction violence dans la relation conflictuelle vécue avec la concubine de l’auteur, fier de sa « conquête ».
Au centre de l’œuvre, seul pastel coloré, la solitude, gardienne du Moi , tant nombrilisé par le romancier en question, arbore droit le glaive magistral.
Troisième volet grisé : la volupté, ou l’histoire d’amour passion vécue avec son égérie, vêtue de la légèreté des maîtresses trop jolies pour le rustre qu’il est.

Impassible et froid, Carrère longiligne, se vautre dans la débauche, sous couvert d’un amour perdu. Comment une femme intelligente peut-elle vivre avec un amant si dur et cruel ?
Jaloux, piètre menteur, l’entente des corps ne peut autoriser tant de méchanceté.

Il est gris, je le sais, son avenir me le dit.
Il est froid je le vois, son impassible discours est mépris.

Bertrand-môgendre - ici et là - 68 ans - 15 avril 2008


Dérangeant et complexe 8 étoiles

Des autofictions de l’année 2007, le plus beau buzz s’est fait autour du dernier roman d’Emmanuel Carrère publié chez P.O.L à la fin de l’hiver dernier : Un roman russe.

Connu essentiellement pour sa production littéraire (La moustache, qu’il adapta au cinéma ; L’Adversaire, son dernier roman), il n’est reste pas moins le fils de l’éminente soviétologue Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuelle de l’Académie Française.

A l’occasion de la découverte au sein d’un asile perdu au fin fond de la Russie, à Kotelnitch, d’un prisonnier Hongrois vestige de la dernière guerre, Emmanuel Carrère part en reportage sur place, et y retourne quelques mois plus tard, intéressé, intrigué et guidé par une force intérieure afin d’y réaliser un film. Le Français, comme les habitants de là-bas l’appellent, n’est pas venu que pour filmer. C’est l’occasion pour lui de faire le point dans sa vie, d’effleurer une enquête généalogique sur son grand-père maternel, de nous parler de son couple, de ses doutes, de sa vie et ses démons, pour mieux s’en libérer.

Au départ un peu rebutant parce que particulier, un brin déprimant et ennuyeux, Un roman russe nous entraîne aux côtés de cet antihéros cynique, perdu et déprimé, dans son périple à Kotelnitch, voyage ou il est allé chercher les réponses dont il avait besoin, et dont il est revenu avec plus de déception qu’autre chose.

Assez dérangeant, parce qu’intime, son ton narratif blasé nous offre un effet de caméra embarquée auquel on s’attache vite, nous rendant l’auteur plus familier, plus proche. Un livre complexe à l’image de son auteur, que l’on vous conseille chaleureusement, tant pour ses qualités littéraires que pour son contenu biographique.

BONNEAU Brice - Paris - 39 ans - 15 avril 2008


Family Business 6 étoiles

Deux ans de la vie d'un homme entre la France et la Russie; ses souffrances, sa famille, ses amours : c'est la colonne vertébrale de ce roman qui nous laisse sur notre faim.
Emmanuel Carrère s'interroge sur son grand père dont la disparition en 1944 n'a jamais été élucidée. Cela reste un tabou familial qu'il veut briser par tous les moyens, quitte à remettre en cause la relation avec sa mère. Le passé de son aïeul l'obsède. Est-ce un sentiment de honte qui l'anime où l'envie de régler ses comptes avec une famille qu'il juge trop conformiste ?

Son métier de journaliste l'amène en Russie où il doit réaliser un reportage dans une bourgade glaciale et perdue. En fait, il passe plus de temps à exprimer son malaise et à boire pour oublier ses démons. Ses ivresses dérisoires et proches du cliché n'apportent rien à ce roman et desservent l'auteur qui se cherche, se perd, se retrouve parfois, emmêlé dans ses tourments.

Le récit est souvent narcissique; il y a l'auteur et... les autres. Ainsi, sa compagne Sophie au sujet de laquelle il déclare sans autre précaution : «Dans une entreprise, elle connaît la standardiste et moi... le patron». La relation amoureuse qu'il entretient avec elle est décrite d'une façon très intransigeante. C'est lui qui dirige; il lui impose son lieu de vacances. Finalement cet orgueil finit par se retourner contre lui. Sa compagne va-t-elle le quitter? Son reportage dans cette ville froide et glauque a-t-il une raison d'être?

Il semble trouver une planche de salut avec la naissance d'un nouvel enfant mais celle-ci est à peine évoquée. On se demande si ce récit n'est pas un prétexte pour les élucubrations d'un adulte en pleine bourrasque. Dommage, car l'écriture vive et riche donne à ce roman un souffle indéniable.




POL éditions - 19,50 euros

Mmerliere - - 62 ans - 17 décembre 2007


Une double thérapie 7 étoiles

Malgré le titre « Un roman ruse » qui présage un ouvrage de fiction, nous nous trouvons bien plutôt en face d’un confession à double but thérapeutique, un but familial « Tu nous as dénié le droit de souffrir…..cette souffrance….il faut que quelqu’un la prenne en charge et lui donne voix » et un but personnel « Je n’ai pas sauté par la fenêtre . J’ai écrit ce livre »
Cette confession fait du lecteur non seulement un témoin des secrets familiaux, mais aussi et le plus souvent un voyeur des turpitudes amoureuses et des fantasmes érotiques de l’auteur . Car si l’ombre du grand père plane sur tout le livre, les projecteurs sont très fréquemment dirigés vers le couple que forment Sophie et Emmanuel .
« Jusqu’où un écrivain peut-il offrir ses proches en pâture au public, les sacrifier à sa propre jouissance ? » (J’ajouterai : à sa propre délivrance ) Cette question dont fait état Emmanuel Carrère et émanant d’une lectrice du Monde, à propos de la nouvelle qu’il y avait publiée, me paraît pouvoir s’appliquer également à l’ensemble de l’oeuvre

Alma - - - ans - 30 octobre 2007


Du charme des tourments familiaux 8 étoiles

Que de turpitudes dans la famille de la très honorable Hélène Carrère d'Encausse, l'actuelle Secrétaire perpétuelle de l'Académie française ! Son fils essaie de percer le mystère de son père, son propre grand-père, mystérieusement disparu.
Par ailleurs, le couple de l'auteur vit en dents de scie, entre amours folles, adultère et fortes colères.

L'auteur recherche de recoller les morceaux d'une famille qui se disloque de plus en plus, de combler les failles de continents qui se séparent, avec un acharnement et une vivacité sans égal.
Cette quête succède à un intérêt pour la folie et le mensonge, après avoir notamment écrit l'Adversaire, adapté au cinéma par Nicole Garcia. Ce roman commence par la description d'un Hongrois interné pendant près de cinquante ans en Russie, ce qui l'intéresse à double titre, son état mental et ses propres origines russes à éclaircir.

L'ensemble est bouillonnant et vertigineux, telle une toile de Turner. Ce tourbillonnement brumeux et souvent violent ne peut pas laisser indifférent. Il m'a emporté, au point de le lire d'une traite, bien qu'il ne soit pas des plus agréables.
La nature humaine et les relations familiales sont ombragées et peuvent être dures. Cette histoire pourrait faire un beau feuilleton d'été;

Veneziano - Paris - 46 ans - 15 juillet 2007