Ariel
de Lawrence Block

critiqué par Podie, le 21 mai 2007
( - 43 ans)


La note:  étoiles
Un bon classique
Roberta vit avec son mari, leur fille adoptive Ariel et leur petit garçon de quelques mois, Caleb, né alors que le père était déclaré stérile.
Depuis qu’ils ont emménagé dans cette vieille demeure, Roberta ne se sent pas en sécurité. Les veilleuses de la gazinière s’éteignent toutes seules, le plancher grince… Trois nuits de suite elle aperçoit au bout de son lit une vieille dame recouverte d’un châle, qui tient dans ses bras quelque chose. Au matin de la troisième nuit elle retrouve son petit garçon mort dans son berceau. Verdict du docteur : mort subite du nourrisson. Mais pour Roberta la mort de son fils n’est pas naturelle. Le fantôme de la vieille dame est venu trois nuits de suite pour l’avertir du danger mais elle n’a rien vu. Elle est persuadée que c’est sa fille adoptive, Ariel, qui a tué son petit frère. Elle semble possédée par moments, joue de drôles de mélodies sur sa flûte, à toute heure du jour ou de la nuit, ne fait pas grincer le plancher même quand elle court dans la maison… Et ce n’est pas l’étrange portrait retrouvé par Ariel dans le grenier qui va arranger les délires de Roberta.

Le suspense est bien établi, l’écriture est fluide. On suit tantôt la mère, tantôt la fille dans leurs pensées, sans jamais être capable de prendre partie pour l’une ou l’autre. J’ai trouvé la fin un peu décevante (trop rapide, on s’y attend…). Cela reste un très bon roman à la limite entre policier et fantastique, avec des thèmes abordés pas forcement couramment par l’Amérique des années 80 (le roman a été publié pour la première fois en 1980 aux Etats-Unis, inédit en français.)
Fantômes & cie 6 étoiles

Charleston, USA, une vieille maison. Au départ, la famille est heureuse d’y emménager. Petite famille typique, maman (Roberta), papa (David), fifille (Ariel), et le bébé joli, cadeau inespéré, de quelques mois (Caleb). Juste après l’accouchement, Roberta avait bien tenu un discours étrange (« Débarrasse-toi d’Ariel, maintenant »), mais David avait imputé cela à l’anesthésie, un délire sans conséquence. Après tout, Ariel a été adoptée toute petite, et cela fait bientôt treize ans qu’elle partage leur vie. Mais Roberta éprouve envers son fils un amour qu’elle n’a jamais ressenti pour Ariel, et très vite elle se met à la rejeter de tout son être ; pas tellement dans ses agissements, mais lorsqu’on aborde l’adolescence, on est très sensible aux variations impalpables. Soudain, une femme apparaît à Roberta la nuit. Bientôt suivie par un drame, qui altère irrémédiablement les relations de toute la famille…

Par petites touches suggestives, Lawrence Block nous amène à reconsidérer en permanence ce que nous pensions avoir été déjà établi. Qui est réellement perturbé, dans cette histoire (heu… tous !) ? Quelle est donc l’explication finale ? On tourne la dernière page et on hésite encore. Peut-être ceci, sans doute cela, ou un mélange…
Ecrit en 1980, c’est encore une autre facette du talent de Lawrence Block que l’on découvre avec cette tardive traduction française. La classique maison hantée, mais rien de trop appuyé, de la légèreté, une ambiance subtilement inquiétante, même si l’histoire évolue classiquement.

Cuné - - 57 ans - 18 juillet 2007