La justice de l'inconscient
de Frank Tallis

critiqué par Loutarwen, le 23 avril 2007
(NANTES - 40 ans)


La note:  étoiles
Une enquête policière aux débuts de la psychanalyse
L'histoire:
En ce début de XXe siècle à Vienne, où l'on peut croiser Freud, Schoenberg, Klimt et bien d'autres encore, les cafés sont le lieu de débats fiévreux. C'est dans cette atmosphère d'effervescence artistique et scientifique que Max Liebermann, jeune psychiatre et pianiste à ses heures, mène ses enquêtes avec son ami Oskar Rheinhardt, inspecteur et… chanteur lyrique amateur. Et ils vont avoir fort à faire avec le cas de cette jeune et jolie médium retrouvée morte chez elle dans une pièce fermée de l'intérieur. Une note griffonnée de ses mains laisse penser à un suicide. Pourtant, les indices déroutants s'accumulent : l'arme du crime, un pistolet, a disparu, et aucune trace de la balle n'est retrouvée durant l'autopsie... Serait-ce l'intervention d'un esprit maléfique ?
Il s'agit du tome 1 des Carnets de Liebermann constitué de deux tomes jusqu'à présent.

Mon avis:
Un roman historico-policier comme je les aime... J'ai adoré l'univers du roman: Vienne au début du XXème siècle dans l'effervescence des nouvelles idées de Freud autour de la psychanalyse. A l'époque, Freud n'est de loin pas apprécié de tous, et le jeune psychiatre Max Liebermann, même s'il apprécie ses idées n'est pas d'accord avec toutes ses analyses.
En parallèle, un meurtre est perpétré dans des conditions pour le moins intrigantes: une jeune médium est assassinée et tout laisse à croire qu'elle a été emportée par un esprit maléfique après avoir passé un pacte avec le diable. L'inspecteur Oskar Reinhardt doute, mais son ami Max Liebermann veille à ce qu'il ne s'égare pas.
Dans ce premier tome, on découvre avec plaisir les différents protagonistes: deux amis, Max et Oskar et quelques bribes de leur situation familiale. Max est célibataire et amoureux d'une jeune femme qu'il va demander en mariage au début de l'histoire sur l'insistance de son père, mais progressivement après la rencontre d'une jeune anglaise tout à fait exceptionnelle, il se met à douter, Oskar est marié et l'heureux papa de deux jeunes filles, il rassure son ami face à ses doutes... Les deux personnages centraux sont attachants, on a envie d'en savoir plus sur eux. L'enquête est très bien menée, les retournements de situation nombreux et on ne découvre la vérité que dans les dernières pages. J'ai hâte de découvrir le tome 2: Du sang sur Vienne.
Un livre que je vous recommande vraiment si vous aimez les romans historico-policiers ou si vous voulez découvrir l'atmosphère qui devait régner à Vienne au début de la psychanalyse travers un très bon roman policier...
Vienne au début du XX siècle 9 étoiles

C'est le premier roman que je lis de cet auteur, et je dois dire que je suis très agréablement surpris. J'ai beaucoup aimé l'ambiance générale du livre, Vienne début du siècle dernier, la psychanalyse, le spiritisme et une bonne intrigue policière. Tous ces ingrédients réunis nous donnent une atmosphère qui est intrigante et qui renforce le récit.
C'est un bon roman policier, sans longueur et avec de bons rebondissements. Plaisant, agréable, lorsqu'on arrive au dernier chapitre on ne s'est pas aperçu du temps passé.
J'ai hâte de lire d'autres ouvrages de cet auteur pour voir s'il a réussi à faire évoluer ses personnages, tout en conservant cette ambiance si plaisante.
Un bon livre que je vous recommande sans tarder...

Laurent63 - AMBERT - 50 ans - 26 juillet 2011


Merci de ce conseil ! C'est excellent !!! 10 étoiles

Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas pris un tel plaisir de lecture avec un roman policier. Entendons-nous bien ! J’adore les romans policiers, mais s’ils offrent d’autres attraits que l’enquête policière, je suis d’autant plus content… Or, dans ce roman, nous avons un meurtre et l’enquête qui permet de savoir qui a tué, pourquoi et comment, donc rien que de très classique dans le genre. Nous pouvons, aussi, nous promener dans la Vienne autrichienne du début du vingtième siècle, ce qui est la particularité de ces romans policiers historiques que l’on trouve beaucoup dans cette collection Grands détectives de chez 10/18, fleuron de la littérature policière dirigé par Jean-Claude Zylberstein. Mais, en bonus, nous avons la naissance de la psychanalyse avec un Herr Doktor Max Liebermann, jeune médecin, psychiatre fasciné par Sigmund Freud, même s’il reste critique sur certains aspects développés par le maître. Cette phase est d’autant plus intéressante qu’elle nous offre des consultations cliniques qui illustrent les progrès de la science. Enfin, ce n’est pas le plus petit des aspects positifs de ce roman, nous avons une aventure humaine de qualité entre deux personnages, Oskar, inspecteur de la police impériale et chanteur ténor amateur, et Max, médecin et pianiste virtuose. Une amitié que l’on va pouvoir suivre sur plusieurs romans puisque Frank Tallis, docteur en psychologie, spécialiste connu des troubles obsessionnels, a décidé de mener une carrière de romancier… On pourrait, dire encore de nombreuses choses pour dresser les louanges de cette série, mais allons à l’essentiel, prenons connaissance du thème de ce premier roman…

Frank Tallis, dès son coup d’essai d’auteur de policiers, choisit le crime parfait, celui qui donne du fil à retordre au lecteur durant tout le roman. Fräulein Löwenstein est assassinée dans sa salle de séjour qui est fermée de l’intérieur par une munition qui a disparu ! Rien que cela ! De plus, cette jeune femme appartenait à une catégorie professionnelle particulière, les médiums…

L’enquête d’Oskar Rheinhardt ne sera pas aisée et il faudra toute l’attention et l’aide de son ami Max pour cheminer dans les pièges multiples et embuches diverses qui sont semés devant eux. Seuls, ils ne seraient probablement pas arrivés à la solution complète. Heureusement, une charmante demoiselle, anglaise d’origine, Miss Amelia Lygdate, une patiente du docteur Liebermann, viendra mettre son petit grain de sel… Une touche qui ne laissera pas indifférent ce cher Max qui, pourtant, vient de se fiancer à cette chère Clara…

Il faut dire que ce roman est aussi un roman témoin d’une époque, le début du vingtième siècle, d’un monde particulier, celui de Max, c’est à dire l’univers des Juifs d’Europe centrale. Il ya donc un certain nombre de traditions que l’on voit poindre ici ou là avec des tensions entre le père de famille, pivot de la famille Liebermann, et Max qui estime fondamentalement être avant tout Autrichien ! En attendant, il s’apprête, tout doucement, à épouser Clara, la fille du meilleur ami de son père…

Il faut insister sur un autre point qui donne entière satisfaction dans ce roman… Le style et le rythme ! Or, comme il s’agit d’une traduction, il faut rendre hommage à Michèle Valencia qui a fait un excellent travail d’écriture pour rendre au roman une patte, une pêche, une ambiance particulière qui fait que l’on n'a aucune envie d’en sortir… d’ailleurs, c’était tellement le cas, que je me suis précipité acheter le second volume de la série avant d’avoir totalement terminé le premier pour ne pas sortir de cette ambiance de Wien qui m’a séduit !

C’est donc un roman à lire, pourquoi pas maintenant puisque nous approchons du 1er janvier réputé pour son grand concert musical de valses autrichiennes… le roman étant fortement imbibé de musique aussi vous devriez passer une très bon moment… Probablement le meilleur roman policier que j’aurai lu en 2009 !

Shelton - Chalon-sur-Saône - 68 ans - 28 décembre 2009