Spirou et Fantasio, tome 19 : Panade à Champignac
de André Franquin

critiqué par Shelton, le 15 avril 2007
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
La der de Franquin...
En 1967, lorsque Franquin commence à dessiner cette histoire « Panade à Champignac », le génial créateur n’a pas envie, tout simplement, de continuer à travailler sur cette série. Il préférerait se consacrer entièrement à son nouveau héros, Gaston Lagaffe. Le lecteur va s’en apercevoir tout de suite. En effet, l’histoire commence avec une séquence urbaine où l’on reconnaît l’ébauche d’un policier qui va devenir très célèbre, Longtarin. Puis on entre dans les bureaux du magazine Spirou. On y retrouve Fantasio en pleine colère contre Gaston Lagaffe. Pendant trois planches, on se demande si on ne s’est pas trompé de série… Spirou… Gaston… Allez savoir !
Puis, finalement, on reprend la route de Champignac en Cambrousse et on revient dans les aventures de Spirou et Fantasio. Enfin, presque. En effet, on ne va pas voyager cette fois, enfin, très peu. André Franquin nous propose une histoire plus recentrée sur Champignac, plus intime et sans les artifices de l’exotisme du voyage. Il fait comme Hergé en 1963, avec les Bijoux de la Castafiore, une histoire presque sans déplacement. Il a tellement fait bouger ses héros qu’il les condamne à se contenter d’une simple course poursuite en voiture… Et, pourtant, comme dans le cas de Hergé, il réussit une très belle histoire qui subjugue le lecteur, au moins pendant les deux tiers de l’histoire… pour la fin, nous en reparlerons, c’est moins bon… En plus, à la différence de Hergé, il n’arrive pas à faire un album complet, après trente six planches, il quitte la série, laissant un peu de place pour une histoire courte, « Bravo les brothers ».
L’histoire est assez simple et va permettre à l’auteur de nous remettre en présence du comte de Champignac et de Zorglub. Mais Zorglub est retourné à l’âge des bébés : couches, biberons, pleurs, hurlements, nuits difficiles… Arrive alors un ancien adepte de Zorglub, un personnage qui veut rétablir le maître dans sa splendeur… et qui est armé de la Zorglonde ! Arme diabolique que Saddam Hussein, lui-même, aurait refusé de développer tant ses effets sont diaboliques… J
Spirou et Fantasio vont donc se lancer dans une course poursuite d’enfer. Otto Paparapap, le Zorglhomme, au volant d’une Mercedes décapotable volée, contre Zorglub, en landau… et Spirou et Fantasio à pied… Faites vos jeux ! Rien n’est fait ! Mais je ne vous dirai pas qui va gagner, encore moins comment André Franquin vous réserve sa petite surprise page 37… Oui, il était vraiment fort ce scénariste !
Remarquez, il n’a pas travaillé tout seul dans cet album. Son ami Jidehem qui travaillait avec lui de puis quelques années, qui l’aidait dans des décors, qui l’accompagnait depuis les débuts de Gaston Lagaffe, lui a fait un grand nombre de décors. Quant à Peyo et Gos, ils l’aident à boucler ce dernier scénario de Spirou qui l’épuise…
Il peut dire, alors, avec un certain soulagement, à sa femme : « Je vais dire à Dupuis que je ne fais plus ce Spirou »… Exit le maestro mais chapeau bas à l’artiste qui nous livre là une très bonne histoire… même si je n’aime toujours pas la fin…
Amusant, gentillet 6 étoiles

Une aventure originale (Zorglub en bébé de taille adulte) mais mineure dans la bibliograpie de Spirou. Pour sa dernière aventure de Spirou (hormis "Tembo Tabou", après l'ère Fournier), Franquin déçoit...

Bookivore - MENUCOURT - 41 ans - 11 mai 2008