Spirou et Fantasio, tome 02 : Il y a un sorcier à Champignac
de Jean Darc (Scénario), André Franquin (Dessin)

critiqué par Shelton, le 8 avril 2007
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Les vrais débuts d'un auteur et de ses personnages...
André Franquin reprend le personnage de Spirou juste après la guerre et c’est en 1947, dans l’Almanach Spirou, qu’il publie sa première histoire du petit groom. Ce dernier a déjà son ami Fantasio, créé par Jijé, mais, très rapidement, il va mettre en place tout un univers, en particulier du côté de Champignac qui n’est pas encore en Cambrousse… C’est en 1950, très exactement, qu’il commence à dessiner cet album, « Il y a un sorcier à Champignac », qui sera publié en 1951…
Alors, bien sûr, comme il s’agit de la première histoire longue de Spirou et Fantasio – attention, à cette époque, longue signifie racontée en 56 planches – il ne faudrait pas vous imaginer que vous allez avoir en main un travail aussi fini et abouti que ce que l’on trouve aujourd’hui en librairie [enfin, je parle pour les bonnes productions contemporaines]. En effet, André Franquin cherche encore certains aspects physiques et psychiques de ses personnages. Mais soyons ouverts et indulgents, partons pour Champignac… car, c’est dans ce petit village que Spirou et Fantasio ont décidé d’aller camper… « C’est tranquille et très joli ».
Dès le départ, on se dit bien que ce village est spécial. On y est accueilli par le maire, lui-même, qui agresse les visiteurs, fait respecter une signalisation lumineuse sans objet, car sur une route, sans carrefour et avec une circulation presque nulle… Ah ! Si ! Voilà une roulotte… Mais l’accueil n’est pas terrible : « Fichez-moi le camp plus loin ! Nous ne voulons pas de vagabonds pour voler nos poules à Champignac ! »
Oui, en 1950, Franquin décrivait déjà des gens fermés et obtus qui ne voulaient pas d’étrangers chez eux… Comme c’est marrant de voir que rien a changé, ils existent toujours…
Mais, au moins, on a compris que s’il se passait quelque chose d’anormal à Champignac, le coupable serait tout désigné, le Gitan !
Si le maire n’est pas très jovial, il y a de très nombreux autres villageois à Champignac : des agriculteurs (comme Joseph, Gustave…), un vétérinaire, un employé de mairie (M. Duplumier)… et, aussi, le comte de Champignac. Enfin, très exactement, Pacôme Hégésippe Adélard Ladislas comte de Champignac…
Cet homme, propriétaire du château de Champignac, est une sorte de savant fou, toujours en mouvement, en recherche et en faisant abstraction de regard moral : il invente un produit pour décupler sa force physique et il se met à participer à toutes sortes de courses pour gagner de l’argent : « … le match m’a rapporté une coquette fortune ! Je vais pouvoir retourner à Champignac ! ». Il faut dire à son corps défendant, qu’on ne parlait pas beaucoup de dopage à cette époque là… Quoi que…
Il y a aussi, une histoire avec des méchants qui veulent s’approprier le produit magique du comte de Champignac mais pas pour se limiter aux compétitions de sport…
Spirou va triompher de tout cela mais pas de façon aisée, plutôt avec énergie, labeur et persévérance… et un peu de chance.
La narration graphique est encore un peu empattée, mais on voit se mettre en place les onomatopées, la vitesse, le mouvement et l’humour qui feront la renommée de l’auteur, André Franquin. C’est donc bien un album à lire avec beaucoup d’attention pour apprendre à découvrir celui qui fera le bonheur de très nombreux lecteurs de bédés…
Superbe 10 étoiles

Dessins assez moyens (le début, logique, Franquin se cherchait dans "Spirou"), mais une aventure superbe, une des meilleures et des plus cultes : première apparitio du village de Champignac, de son famux comte, de son fameux château, et de ses non moins fameux habitants !
Bref, un must-have pour tout 'spirouphile' !

Bookivore - MENUCOURT - 42 ans - 3 mai 2008