La maison en lames de rasoir
de Linda Maria Baros

critiqué par Sahkti, le 30 mars 2007
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Entrez dans la maison
Bienvenue dans la maison de Linda Maria Baros. Une maison menaçante aux murs élevés avec angles droits abrupts et arêtes coupantes. Ne l'oublions pas, nous nous promenons sur des lames de rasoir. Une maison précaire sur laquelle Linda Maria Baros bâtit ses poèmes, longs, courts, décalés, tantôt violents, tantôt fuyants.
Les six premières parties (Seuil - Porte - Plancher - Table - Fenêtre - Murs) conduisent à la dernière (La Maison), celle qui réunit tous les composants et rend la maison habitée, voire habitable.
Une maison qui n'en demeure pas moins sombre, effrayante et remplie de chimères.
Il y a de temps en temps des fenêtres pour laisser passer l'air et la lumière, c'est ce qui donne une touche de vie si particulière à l'ensemble.
J'aime le côté abrupt et grinçant de ces textes qui, malgré une certaine noirceur, respirent la vie et les battements de coeur, c'est très humain et Linda Maria Baros possède une écriture très élégante.


"LES SACS POSTAUX

A l'aube, les sacs postaux jetés de la selle
hurlent sous tes fenêtres, comme des coyotes

Cette lettre n'arrivera jamais sur ta table.
Ce sont les postiers qui la lisent, les zigotos
ils la roulent en boule, elle glisse sous leur langue
comme le denier qu'ils mâchonnent tous."
(page 33)