La peur de Montalbano
de Andrea Camilleri

critiqué par Tistou, le 22 mars 2007
( - 68 ans)


La note:  étoiles
6 nouvelles
Toujours traduit par Serge Quadruppani, qui se donne traditionnellement beaucoup de mal pour nous expliquer comment il s’y est pris pour « rendre » la langue sicilienne de Camilleri. Un traducteur intelligent s’il en est.
Toujours le Commissaire Montalbano, toujours aussi gourmand, toujours aussi amoureux de sa Livia, … Pays connu, protagonistes connus.
Dans cet ouvrage, il s’agit en fait de 6 nouvelles ; 3 courtes et 3 longues, comme si Andrea Camilleri avait regroupé des ébauches d’histoire qui l’avaient en cul de sac.
L’atmosphère y est, tout y est.
« La peur de Montalbano », qui a donné son nom au recueil, est une des nouvelles courtes, plutôt atypique. Qui d’ailleurs se déroule dans les Alpes, hérésie complète pour Montalbano. Pas fier en montagne, le Commissaire.
Un peu de philosophie dans la dernière, une des longues : « Mieux vaut l’obscurité ». L’obscurité en question, c’est la vérité restée cachée, vingt ans durant. Mérite-t-elle d’être révélée, vingt après, au risque d’être incomprise et destructrice ? C’est que ce n’est pas un « bourrin » notre Montalbano ! Ah non alors !
« Il n’y eut pas de réponse. Il entra. La vieille s’était abandonnée sur un fauteuil et dormait, réchauffée par le soleil qui faisait irruption par les vitres de la fenêtre. Elle avait la tête appuyée en arrière et la bouche ouverte, de laquelle coulait, brillant, un filet de salive ; il en sortait une respiration oppressée et rauque qui, par instants, s’interrompait pour reprendre avec plus de peine…
Dans la chambre, régnait une insupportable odeur de rance et d’urine. Dedans ce corps que le temps avait ainsi obscènement arrangé, existait-il encore quelque chose avec quoi on pouvait communiquer ? Montalbano en douta. Et pire : si cette chose était encore là, supporterait-elle de connaître la vérité ? »
Pour amateur de polars intelligents qui dépassent le genre.
Des nouvelles de Camilleri ! 6 étoiles

Même loin du Pô, on ressent sans gêne la peur de Montalbano, car l’auteur qui marche à Padoue est connu et reconnu pour son inépuisable inspiration et sa verve désopilante, comme par exemple ici, avec six nouvelles de 2002.

Pierrot - Villeurbanne - 72 ans - 27 mars 2018


viva camilleri ! 10 étoiles

Un recueil de six nouvelles, de longueur très inégale, mais toutes bien dans l'esprit qui a fait la renommée de l'œuvre d'Andrea Camilleri. Les plus courtes ("Jour de fièvre", "La peur de Montalbano") sont à mon avis les meilleures, l'humour de notre cher commissaire (et l'humour de l'auteur, par son truchement) s'y déployant à merveille. La plus longue ("Le quatrième secret") est une véritable enquête, que Montalbano effectue à la suite de la mort mystérieuse d'un maçon, déguisée en accident du travail. Il reçoit le jour-même une lettre anonyme, envoyée avant l'accident, annonçant la mort programmée du maçon. Plusieurs accidents similaires sont survenus dans les environs de Vigata (la ville imaginaire de Sicile où se déroulent toutes les aventures de Montalbano), sur lesquels enquête l'adjudant de gendarmerie Verruso. Leur collaboration (inattendue, car policiers et gendarmes se haïssent, même en Italie) va finir par mettre en cause un célèbre mafieux, surnommé 'U zu Cecè (sic). Comme dans les autres enquêtes du commissaire Montalbano, le piquant est fourni non par l'enquête elle-même, toujours foutraque et assez incohérente, mais par les à-côtés: le microcosme que constitue le commissariat de Vigata, les aventures amoureuses et culinaires de notre héros, et ce langage si particulier, mélange d'italien, de dialecte et de trouvailles de l'auteur, admirablement transcrit par Serge Quadruppani. Un régal...

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 21 janvier 2012