Géraldine, Charlotte, Bernard et Antoine sont quatre amis d'études. Un lien indéfinissable et profond les lie. Il y a aussi Octave, frère jumeau de Géraldine. Un drame se produit. Qui les brise. L'horreur s'installe dans leurs esprits, chacun fuit comme il peut mais ce sera peine perdue, ils ne peuvent que se mentir à eux-mêmes et tenter de cadenasser leur âme pour ne pas qu'un fantôme s'y installe trop cruellement.
Entre ce drame et le début du récit, dix années se sont écoulées. Charlotte, brillante scientifique, revient d'Amérique du Sud où elle a passé six ans. A essayer d'oublier. Sans succès. Mais oublier quoi ?
C'est là qu'entre en scène le génie de Jacqueline Harpman. A petites doses, avec des mots savamment choisis, elle mêle les voix des protagonistes à celle de la femme de Bernard, victime plus que bourreau, et à celle d'un mystérieux narrateur. Qui pourrait aussi être une narratrice, nous n'en savons rien et le vocabulaire est subtilement employé pour ne pas lever le voile. C'est peut-être Jacqueline Harpman qui reste fidèle à ses habitudes de nous raconter une histoire. C'est peut-être Octave qui descend contempler ses amis et calmer ses tourments par procuration en les voyant faire face aux leurs.
Au fil des pages, nous partons à la rencontre des ces êtres meurtris et découvrons à pas feutrés ce qui les a tant bouleversés, ce qui s'est passé dix ans plus tôt.
J. Harpman maintient la tension à son comble tout au long du récit, qu'il est difficile de résumer sans révéler une partie du secret qui les unit tous les quatre.
C'est un très beau texte, tout en sensibilité et subtilité, un des meilleurs, à mes yeux, de Jacqueline Harpman.
Sahkti - Genève - 51 ans - 3 août 2005 |