Ingrès
de Patrick Wateau

critiqué par Sahkti, le 16 mars 2007
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Notre corps et le reste
Violence du phrasé et revendication des thèmes sont bien présents dans ce recueil de Patrick Wateau. Il existe une démarche physique dans ce texte, qu'elle mène ou à la souffrance.
Beaucoup d'os, de corps, de sécrétions charnelles pour dire la mort et la putréfaction des êtres. C'est une poésie noire qui évoque la mort pour mieux raconter la vie. Parce que le corps, avant de se décomposer, est d'abord bien vivant, mobile, on peut plus humain. C'est donc un cri de vie, sombre certes, que lance Patrick Wateau à travers des poèmes dont la lecture des titres en index témoigne de ce besoin de placer la noirceur avant toute chose, comme pour mieux illuminer les autres éléments de la vie.
L'association entre chair, os, salive et j'en passe peut heurter de prime abord, ce n'est ni doux ni apaisant; il y a un besoin de remuer tout ça, de bouleverser les esprits pour mieux leur faire prendre conscience, si besoin en était, du prix de la vie. Mais aussi de cette autre forme de vie qu'est la mort et ce qu'il y a ensuite, dont on ne parle pas ou peu ici, on s'arrête à l'instant où le corps s'éteint.


"Mis
démis
déterrer l'élément

Les ossements sont le nombril
brisé

Aussi l'ortie de chaque mur
le nombril
mais
le temps

Yeux rentrés
se laisser pendre les images
les desbrider"
(page 44)